Le 17 mars 2025, Bruno Humbeeck nous a présenté le résultat de ses recherches sur la génération de verre et le harcèlement, la première génération qui est née dans les réseaux sociaux et qui n’a pour le moment connu qu’un monde où l’esprit est surstimulé par la publicité.
Il nous explique comment en Belgique il aide à éviter le harcèlement scolaire et quels sont les outils utilisés pour y faire face.
Loin du programme PHARE initié par notre ministère, voici un retour sur la méthode belge, basée plus sur la confiance et la prévention.
Sommaire
Qu’est-ce que la génération de verre selon Bruno Humbeeck?
Qu’est-ce que le « nouveau » harcèlement pour Bruno Humbeeck?
Quels sont les outils utiliser sur les réseaux pour détruire l’image de soi?
Le harcèlement dans les établissements scolaires
Un outil primordial pour limiter le harcèlement et stimuler l’empathie
Qu’est-ce que la génération de verre selon Bruno Humbeeck?
La génération de verre est la première génération qui est née avec les réseaux sociaux et la connexion au monde numérique.
Elle fait référence à la transparence de la matière où l’on montre tout, on s’expose…. mais cette exposition de soi peut nous fragiliser, fissurer et éclater au moindre choc tout comme du verre.
Depuis les rebonds du covid, on assiste à une amplification des phénomènes de l’anxiété, anxiété renforcée au quotidien par des informations négatives faisant références aux guerres et aux problèmes environnementaux.
L’indice de bonheur est fracassé, et le monde de demain est difficile à appréhender d’autant que 80% des métiers d’aujourd’hui auront disparu…
De plus, notre attention est devenue un moyen de commerce permanent où celle-ci devient flottante et la concentration focalisée plus difficile à atteindre.
Les relations interpersonnelles et notamment celles entre les jeunes subissent des secoussses émotionnelles aux conséquences terribles. Comment dès lors que faire face au harcèlement qui est souvent lié aujourd’hui au cyberharcèlement?
Qu’est-ce que le « nouveau » harcèlement pour Bruno Humbeeck?
Dans ce contexte de monde ultra connecté, il n’est pas rare de réaliser des publications sur les réseaux. Mais pourquoi fait-on cela? Pour partager ? Bien souvent c’est pour susciter l’envie et l’approbation des autres.
Des tuto instagram existent d’ailleurs pour se mettre en scène sur les réseaux sociaux afin de développer le prestige social.
On est alors attentif au likes des autres pour avoir l’approbation. Et si les avis sont négatifs, l’estime de soi est dévalorisée, en déclin. Dans le cas d’harcèlement révélé, on se sent réellement torpiller de l’intérieur.
La définition du harcèlement est à revoir telle qu’elle est stipulée au niveau juridique. La loi est impossible à réaliser et tous les acteurs souffrent: parents, éducateurs et enfants.
Les enfants souffrent d’autant plus car les adultes donnent l’impression de ne pas savoir quoi faire eux mêmes, ou de faire pire par leurs interventions maladroites face une situation de harcèlement. C’est bien le problème, le harcèlement n’est pas facilement repérable.
Aussi, seulement 6,9% des enfants osent parler à leur parents de la situation difficile qu’ils traversent. Il est d’autant plus difficile de répondre du tac au tac quand on se sent en infériorité. Pourtant, le suicide chez les jeunes dû au harcèlement touchent souvent des personnes solaires et qui suscitent de l’intérêt. la meute en profite pour casser cette image et dévaloriser la cible.
Quels sont les usages sur les réseaux qui participent à la dégradation de l’image de soi?
le sharenting : les parent publient des photos de leurs enfants : absences de consentement, expositions aux risques – comment alors un jeune peut-il se prémunir d’un mésusage d’internet si ses propres parents l’exposent sur toutes les coutures aux yeux de tous…
le Ghosting : c’est le fait d’ignorer une personne. Par exemple, vous entrez et on ne vous parle pas, comme si vous n’existiez pas. Certains l’utilisent sur les réseaux en ostracisant un membre sans raison particulière…cette négation de soi est peut-être encore plus difficile à supporter que les moqueries.
le revenge porn: est un contenu sexuellement explicite publiquement partagé en ligne sans le consentement de la ou des personnes concernées, en guise de « vengeance ».
Le harcèlement dans les établissements scolaires
Des périodes dans l’année sont plus favorables que d’autres au harcèlement. En Belgique, la prévention commence par l’utilisation interdite des réseaux sociaux dans le cadre asocial.
Bien souvent en début d’année, l’euphorie communautaire permet des rentrées calmes à ce niveau et cela change dès la mi-octobre, on se connaît mieux et on commence à parler sur le dos des uns des autres.
Janvier sera la pire période, celle où l’on relève le plus de harcèlements.
Les harceleurs jouent souvent sur le principe de l’usure de compassion.
Usure de compassion : on fait en sorte que ça se passe bien. C’est un syndrome psychologique caractérisé par l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et une baisse du sentiment d’accomplissement personnel.
Les harceleurs utilisent le biais de l’humour pour « fracasser » la personne harcelée. Cette dernière accepte la moquerie car sinon elle se verrait juger de ne pas avoir d’humour.
En France, nous avons encore des difficultés à comprendre que c’est un désastre quand on exclut un harceleur. A son retour, son image est alors valorisée par les personnes qui le soutiennent. La personne harcelée s’en trouve encore plus dévalorisée.
Gelan : Le gelan, c’est le rire positif, convivial, qui ne se produit que dans un contexte ludique, sécurisant et créateur de lien bienveillant. Les agresseurs font dire que c’est de l’humour
Catagelan : rire, rictus des singes adultes. C’est un rire de domination – c’est pour ça que les singes l’utilisent comme comportements territoriaux pour préserver leur territoire.
Un outil primordial pour limiter le harcèlement et stimuler l’empathie
- Les espaces de parole régulés : la fiche la vidéo explicative
Les espaces de parole régulés font partie aujourd’hui des techniques les plus utilisées pour libérer l’expression affective.
Ils protègent la parole de ceux qui éprouvent le besoin de s’exprimer.
Ils font partie du dispositif de prévention des violences visibles et invisibles pour permettre aux adultes de mieux maitriser le climat de leurs classes, prévenir activement les situations de harcèlement et y réagir lorsqu’elles se présentent.
Un espace de parole n’est régulé, au sens strict du terme, que si les cinq règles suivantes sont totalement, complètement et précisément respectées :
– Une émotion se dit mais ne se contredit pas
– C’est l’adulte et exclusivement lui qui donne ou reprend la parole et il le fait à travers un bâton de parole qu’il fait circuler entre les élèves
– On ne nomme pas, on n’accuse pas, on ne désigne pas. L’enseignant ne cherche pas à donner une solution.
– Les espaces de parole sont organisées de façon permanente, stable et régulière et c’est l’adulte qui en fixe la fréquence.
- La mise en place des espaces de parole régulés:
Se mettre en cercle ; choisir une des émotions : joie, tristesse, peur, dégoût, colère
Les états d’âmes provoquent une discussion:
Qu’est-ce que tu ressens ?
Dis-moi qu’est ce qui te rend triste ? Qu’est ce qui a déclenché cette émotion ? C’est l’adulte qui donne le bâton de parole
Quelles réactions. Ne pas nommer pour car cet espace n’est pas un tribunal.
Les autres outils
- cyber-aide: la fiche
cette application permet aux établissements de dissuader les élèves à utiliser les réseaux sociaux à des fins de cyberharcèlement. Elle est utilisée à caractère préventif. Cette application permet par un simple clic de prendre des captures d’écran en cas de comportement asocial sur les réseaux sociaux.
Le Conseil d’Éducation Disciplinaire permet à l’institution scolaire de remplir sa fonction de transmission des lois.
Ce n’est pas un adulte qui émet la sanction mais un groupe d’adultes désignés par l’institution pour le faire de façon à éviter « l’effet Sheriff ». Le directeur de l’établissement n’est pas seul à gérer.
Les parents de l’élève concerné reçoivent un courrier, précisant que nous ne pouvons pas accepter et que nous sommes sûrs que cela ne se reproduira pas.
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