La période de crise sanitaire que nous vivons depuis un an impacte lourdement les élèves de la Voie Professionnelle. Cela se traduit par du décrochage, la non validation des diplômes et attestations diverses, et des difficultés d'insertion.
Parcours scolaire, validation des diplômes et certifications, quelles sont les conséquences de la crise sanitaire pour les élèves de la voie professionnelle ?
Voie professionnelle : Une année 2019-2020 lourde de conséquences
Décrochage scolaire
Selon le ministère de l’Éducation Nationale, l’année scolaire 2019-2020 a vu 20 % des élèves de lycée professionnel décrocher, contre 4 % toutes filières confondues. Leur disparition des écrans radar, soit par manque d’équipement informatique, soit pour exercer des petits boulots, et ce malgré les efforts des équipes éducatives pour maintenir le lien, a eu des conséquences désastreuses tant en termes d’examens que d’insertion professionnelle.
Certifications non validées
Des certifications (CACES, SST, habilitation électrique, habilitation au froid, permis poids lourd,…) n’ont pu être validés, pour cause de confinement, limitant ainsi les chances d’insertion. Par exemple, dans les formations en Transport Routier, ce sont ainsi 16 % des élèves de CAP CRM (Conducteur Routier de Marchandises) qui n’ont pas obtenu de le permis CE (Source : Enquête AFT janvier 2021 auprès de 218 établissements).
Voie professionnelle : L’indispensable présentiel
L’éducation est avant tout une affaire de communication. L’échange en présentiel et en distanciel, est aussi important que le contenu échangé. Mais pour l’enseignement professionnel, le distanciel ne permet pas d’observer, d’analyser, de comprendre, de reproduire des gestes, de « faire pour apprendre ».
Il est en effet indispensable pour les élèves de pouvoir acquérir des compétences professionnelles, par des apports des enseignant·es, par la pratique sur les plateaux techniques en établissement et par l’immersion en entreprise lors des P.F.M.P. (Période de Formation en Milieu Professionnel).
Une diminution très importante du volume horaire consacré aux activités pratiques…
Le confinement a entrainé une diminution très importante du volume horaire de ces activités pratiques. Or, depuis 1992 (Note de service n°93-329 du 29 novembre 1992), les P.F.M.P. sont reconnues comme des moments pédagogiques à part entière. La diversité des lieux et des situations de travail permet l’acquisition des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être. Aussi, le Sgen-CFDT demande qu’une réflexion soit menée rapidement pour maintenir du présentiel, notamment en enseignement professionnel, quitte à aménager les emplois du temps des élèves.
Quid des évaluations des compétences ?
Les élèves qui ont exercé des petits boulots pendant le confinement, ont pu partiellement compenser l’absence de cours et/ou de P.F.M.P. Cela n’aura pas été inutile pour eux. Mais, en termes d’évaluation et de prise en compte des compétences, rien n’a été mis en place. La proposition évoquée par le ministère en décembre dernier de pouvoir valider des compétences professionnelles pendant des jobs d’été ou de vacances a rapidement été abandonnée. Le Sgen-CFDT le regrette.
Les compétences communes et transversales devrait aussi pouvoir être évaluées…
En effet, pour le Sgen-CFDT, il est urgent de sortir de ce mode d’évaluation du « tout diplôme, de la notation à tout prix », basé essentiellement sur les activités en établissement.
Les compétences communes et transversales à de nombreuses disciplines – écouter, s’exprimer, reconnaitre, décrire, rédiger, s’informer, analyser, choisir… – sont essentielles dans le cursus scolaire, mais aussi dans la future vie de citoyen. L’ouverture vers le monde professionnel, culturel, social, associatif… devrait aussi, selon le Sgen-CFDT, pouvoir être évalué et conservé dans un Portfolio de compétences.
Ce portfolio, intégrant la validation de compétences diverses et variées, servirait pour mieux se réorienter, mieux faire évoluer son parcours personnel, mieux s’insérer, mieux se former tout au long de la vie.
Un projet ambitieux
Un lycée professionnel qui, sans négliger les savoirs, accorderait à la formation de la personne et à son insertion sociale et professionnelle toute l’attention nécessaire, qui se détacherait progressivement des « diplômes sanctions », qui prendrait en compte les compétences et les savoir-faire au long court, … Voilà le Lycée Professionnel qui redonnerait sa place à l’élève.