ESPE : un projet de loi qui ne dit pas tout !

Ce projet de loi, sous couvert d'un changement de nom, modifie en profondeur la philosophie et la structuration de l'organisme de formation des enseignants et personnels d'éducation.

Présentation du projet de loi ESPE au CNESER

Présenté au Conseil National de l’Enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) du 15 octobre 2018, le projet de loi « Pour une école de la confiance » (sic), comportait plusieurs articles sur les ESPE. Il a été rejeté massivement.

Pour la CFDT, première organisation au CNESER, ce projet n’est pas acceptable !

La CFDT a été la seule organisation syndicale à déposer des amendements pour s’y opposer et obliger les représentants du MEN à dévoiler leurs intentions.

En effet, au détour d’une loi « fourre tout », le ministre de l’éducation nationale remet en cause gravement le principe d’universitarisation de la formation initiale et d’intégration des ESPE aux universités dont elles sont devenues une composante .

Une mise sous tutelle ministérielle des ESPE

Le projet de loi vise à mettre sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale (MEN) les ESPE en les transformant en Instituts nationaux du professorat et de l’éducation (INSPE) et en modifiant la procédure de désignation des directeurs pour en exclure le conseil d’école, donc les représentants élus des personnels !

Pour le Sgen-CFDT, changer le nom d’ESPE en INSPE n’est pas anodin. On peut parler de la perte de repère pour les étudiants, le nom d’ESPE est désormais connu et reconnu. On peut également parler des coûts engendrés, il faudra bien entre autre refaire toute la signalétique des campus. Mais surtout, la dénomination d’institut national, outre son caractère paradoxal au regard du territoire académique de ces écoles, vise manifestement à nier les acquis de l’universitarisation de la formation. Elle apparaît comme une condamnation des efforts réalisés par les ESPE pour s’adapter au contexte spécifique de leurs académies.

Déconnexion du conseil d’école et de ses membres de la nomination du directeur

Enfin, la volonté de déconnecter totalement le conseil d’école et les représentants élus des personnels de la procédure de nomination des directeurs des futurs instituts est une entorse grave à la démocratie universitaire. Aucune composante ne voit son directeur désigné sans que les personnels de cette même composante ne soient consultés ! Pour le Sgen-CFDT, cette volonté de main mise du ministre de l’Éducation nationale, avec la complicité silencieuse du ministère de l’enseignement supérieur et de la Conférence des présidents d’université, est inacceptable et fait peser un risque grave au fonctionnement de l’instance comme de l’école dans son ensemble. En effet, cette rupture est de nature à opposer le directeur à son conseil et à l’ensemble des personnels de l’École.  Cette vision très scolaro-centrée de la démocratie universitaire est non seulement navrante mais elle ouvre une brèche que le Sgen-CFDT trouve très dangereuse pour l’ensemble des autres composantes.