Personnels administratifs : les mesures pour la rentrée 2023… ou comment gérer la pénurie !

Lors du CTMEN du 13 décembre 2022, le ministère a présenté son schéma d’emplois pour la rentrée 2023 . Les schémas annoncés pour les personnels administratifs dans les programmes 141 (EPLE) et 214 (services déconcentrés) ne reposent que sur des mesures de redéploiements de moyens !

Qui dit redéploiement, dit « à moyens constant » aux fins d’allouer des postes aux académies et services les moins dotés par des Équivalents Temps Plein (ETP) venant des académies et services les mieux dotés.  Et c’est selon le modèle SERACA qu’on procède à ce redéploiement, vous savez, cet outil de contrôle des effectifs et qui permet de comparer la performance des services administratifs entre les académies.  On nous le brandit, comme il y a 3 ans, lors de la rentrée 2019, pour justifier les suppressions d’emplois dans certaines académies et services (sur notre site, voir article de 2019 concernant la perte sèche de 400 emplois).

On dirait une recette de potion magique : prenons une pincée de Normandie, un soupçon de Grand Est, agrémenté d’un rien de Guadeloupe et une grosse poignée d’administration centrale, ajoutez-y de la poudre de perlimpinpin et vous obtiendrez plus d’équilibre entre académies, ainsi qu’une mission toute neuve ! Étonnant, non!

C’est la pénurie que l’on gère

35 postes sont concernés par les redéploiements : 15 postes à répartir entre académies, là où sont prévues des ouvertures d’EPLE  (19 au total) et 20 postes de l’administration centrale redéployés vers les services déconcentrés pour renforcer les missions de lutte contre les phénomènes de radicalisation et les violences sexistes et sexuelles dans le sport.

Certes il n’y a pas de suppressions d’emplois mais  à y regarder de plus près, c’est bien la pénurie qu’on gère et sans sourciller… Les conditions de travail ne sont absolument pas prises en compte alors que d’année en année, le travail des personnels administratifs dans les services déconcentrés et dans les services administratifs des EPLE s’intensifie et se complexifie.

Pour le Sgen-CFDT, créer des emplois et revaloriser les rémunérations est une absolue nécessité. Nécessité pour assurer le remplacement des personnels quand ils doivent s’absenter. Nécessité pour prendre en main les nouveaux outils. Nécessité pour une bonne gestion des personnels dont le nombre augmente avec l’arrivée de plus de 100 000 AESH et dont les statuts se diversifient. Ce n’est pas pour rien que les problèmes de paie se multiplient; la gestions des avances devient un casse-tête. Avec la loi de la transformation de la fonction publique réduisant les compétences des CAP, la charge de travail et de responsabilité des personnels administratifs s’est accrue. Les personnels sont parfois confrontés à des situations conflictuelles qu’ils ne devraient pas avoir à vivre. La multiplication des Risques Psycho-Sociaux est une réalité.

Il est urgent de donner des moyens à la hauteur des besoins

Le Sgen-CFDT ne peut se contenter du constat amer de la sous-administration générale des services de l’Éducation Nationale sur tous les territoires. Il est urgent de donner les moyens nécessaires pour que les personnels puissent mener sereinement et efficacement leurs missions. Pour le Sgen-CFDT, cela doit se traduire par une perspective pluriannuelle de schémas d’emplois.

Un bilan de la situation des services administratifs et de leur charge de travail doit être dressé. Le calibrage des moyens administratifs ne peut plus reposer seulement sur l’évolution des effectifs scolaires dans une académie. Il doit prendre en compte d’autres critères comme l’indice de position sociale (IPS) ou le nombre de boursiers… , autant d’éléments qui sont le reflet des difficultés sociales actuelles en France, et qui, répercutées dans les écoles et les établissements scolaires, augmentent considérablement la charge de travail administrative.

Le fonctionnement de l’École, dans le sens le plus noble du terme, ne saurait reposer seulement sur une équation de comptable à résoudre en appliquant des solutions calées sur le moins-disant , dit moyens constants. Au contraire, elle nécessite une politique ambitieuse, courageuse et offensive, des moyens en progression pour pallier une surcharge de travail réelle  et un empilement de missions nouvelles.