Un stage d'observation en seconde générale et technologique sera obligatoire dès cette année. Cette annonce du Ministre de l'Éducation Nationale, le 28 septembre, soulève une multitude de questions auprès des représentants des personnels.
Reconquérir le mois de juin par l’instauration d’un stage d’observation en seconde générale et technologique, telle est la proposition de décret et d’arrêté étudiée au Conseil Supérieur de l’Éducation du 16 novembre 2023.
Mise en œuvre du stage d’observation en seconde G.T.
Le jeudi 28 septembre 2023, le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal annonçait la mise en place d’un stage observation pour les élèves de seconde générale et technologique. Le gouvernement souhaite ainsi « reconquérir le mois de juin ». Les principales conditions de mise en œuvre de cette séquence d’observation sont les suivantes :
- Durée : Deux semaines du 17 au 28 juin 2024
- Lieux : En entreprise, dans une association ou un service public
- Convention : Une convention de stage devra être établie entre l’élève, le lycée et l’entreprise
- Objectif : Approfondir leur découverte des métiers, mieux préparer et affermir leurs choix d’orientation
- Obligation : Séquence d’observation obligatoire pour tous, sauf pour les élèves réalisant soit :
– le séjour de cohésion du S.N.U.
– la mission d’intérêt général du S.N.U.
– le séjour « mobilité internationale » de 2 semaines en seconde ou 4 semaines en 1ère
– un stage d’initiation ou d’application déjà inclus dans certaines filières (exemple : S.T.H.R.) - Rémunération : La période de stage étant inférieure à 2 mois, la rémunération n’est pas obligatoire. Cependant, l’organisme d’accueil peut décider de verser au stagiaire une gratification.
Selon le Ministre, ce stage les aidera « à approfondir leur découverte des métiers, à mieux préparer et affermir leurs choix d’orientation ». Il oublie que les choix d’orientation se font bien avant la période du mois de juin.
Questions soulevées sur ce stage d’observation
L’obligation du stage : Le ministère veut rendre ce stage obligatoire, mais liste des exceptions. Que se passe-t-il si l’élève n’a pas de stage ? Rien ! Il devra être accueilli en établissement…
La période de stage : La solution retenue par le ministère interroge. L’élève de seconde va entrer en concurrence avec tous les élèves de la Voie Professionnelle qui doivent réaliser une Période de Formation en Milieu Professionnel (P.F.M.P.). Entre les 550.000 élèves de seconde et les 600.000 élèves de la voie pro, ce sont près d’un million de stages à trouver.
L’intérêt pédagogique : L’exploitation pédagogique de cette période de stage n’est pas prévue. Il s’agit juste de faire de l’occupationnel pour afficher une communication ministérielle sur la reconquête du mois de juin!
Les inégalités : Les membres du C.S.E. ont mis en avant les différences sociales et territoriales des élèves et des établissements. Selon le réseau dont dispose la famille de l’élève, il sera plus facile pour certains de trouver un lieu de stage. Selon le territoire, le tissu économique local et les moyens de transports disponibles impacteront différemment les élèves. Tout ceci créera des discriminations inacceptables.
L’organisation du stage : Aux questions soulevées sur « qui recherche le stage ? », « quelle formation à la sécurité ? », « quel suivi en entreprise ? », « quelles aides à la mobilité ? », « quelle prise en compte de la charge de travail ? », le ministère n’a apporté aucune réponse à ce jour.
Ce que porte le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT
Le Sgen-CFDT et la FEP-CFDT se sont exprimés ensembles au C.S.E. du 16 novembre. Lire le communiqué ici.
Oui, un stage d’observation en milieu professionnel a un intérêt pour certains élèves, en lien avec la construction de leur projet d’orientation. Cela se fait même déjà dans de nombreux établissements de l’enseignement public et privé.
Non, rendre ce stage obligatoire n’est pas une bonne idée. Nous préférerions une incitation qui face confiance aux équipes pédagogiques. Elles sont les mieux placées pour identifier les besoins des élèves et organiser un projet cohérent préparé en amont avec une exploitation à la suite.
L’obligation donne le ressenti d’un bricolage destiné à légitimer le SNU et à pouvoir communiquer en direction des familles sur la reconquête du mois de juin. Du coté des collègues la charge de travail supplémentaire sera réelle et sans compensation.
Enfin, ce stage obligatoire à cette période de l’année vient percuter le calendrier des PFMP des lycéens de la voie pro qui se tiendront en même temps. On peut craindre que si les entreprises doivent choisir, ça se fera au détriment des lycéens de la voie professionnelle.
Pour toutes ces raisons, le Sgen-CFDT a voté « Contre » ces textes. Avec seulement 8 voix « Pour », et 58 voix « Contre », le C.S.E. a émis un avis défavorable.