En décembre, nous avons sollicité un entretien auprès de l'IENA au sujet des évaluations nationales CP/CE1. Notre intention : faire remonter les critiques de terrain, évaluer la position de l'administration face aux équipes qui boycotteraient le dispositif.
Lors de cet entretien, nous nous sommes appuyés sur deux textes réglementaires, faisant référence en matière d’évaluation des élèves.
- le décret du 31 décembre 2015 qui pose les principes d’une évaluation bienveillante,en précisant qu’il faut
« privilégier une évaluation positive, simple et lisible, valorisant les progrès, encourageant les initiatives et compréhensible par les familles. L’évaluation doit aussi permettre de mesurer le degré d’acquisition des connaissances et des compétences ainsi que la progression de l’élève. »
- le référentiel de compétences des personnels enseignant et des PE (arrêté du 1er juillet 2013) : il met en avant des compétences de conception, d’adaptation, d’analyse.
Nous avons dénoncé le fait que les évaluations Blanquer s’opposent très largement à ces principes ; et souligné qu’elles ne sont cadrées par aucun texte, pas même une circulaire.
Pas de caractère obligatoire
En effet, la note de service du ministère précise qu’il s’agit de mettre à disposition des équipes un outil d’accompagnement et d’évaluation diagnostique des élèves, à visée de remédiation. Son caractère obligatoire n’apparait pas dans le texte.
Témoignage des critiques remontées du terrain
- Densité des exercices dans le temps donné.
- Format et cadre hyper-standardisé, inadapté notamment aux élèves de CP, sortant seulement de la maternelle (peu habituées aux consignes orales collectives, aux supports papier).
- Un certain nombre d’exercices perçus comme trop difficiles, avec un fort risque de mise en échec des élèves.
- Sur le dispositif de remontée des résultats : sentiment fort de dépossession de la professionnalisé : non prise en main sur la phase de correction et d’analyse des erreurs / impossibilité d’analyse en équipe / temps très long de saisine des résultats / délai trop long de retour des bilans empêchant une remédiation efficace (particulièrement pour des élèves de CP qui progressent vite en lecture).
Les nombreux collègues rencontrés ont décrit un dispositif lourd et contraignant qui s’est avéré finalement peu utile.
Un défaut de communication par l’administration sur la finalité des évaluations nationales
L’IENA a précisé que ces évaluations ne sont pas à considérer comme les évaluations nationales ancien format. Ce sont des tests à dimension scientifique, voire « clinique » d’où le format hyper standardisé et le dispositif d’analyse des résultats (boite noire) et leur conception par des chercheurs notamment.
Ce à quoi nous avons répondu que s’ il s’agit de « tests scientifiques », ça ne relève pas de la responsabilité des enseignants. Cela n’a pas été présenté ainsi aux équipes. l’IENA admet ce problème de communication.
Ne nous leurrons pas, nous savons que ces évaluations ont une visée politique de pilotage du système par les résultats. La communication publique du ministre en témoigne.
Qu’en est-il en cas de décision de boycott des évaluations nationales ?
Nous avons posé cette question et demandé que lorsque l’obligation professionnelle d’évaluation diagnostique, d’analyse, de remédiation, de concertation aux familles, de mise à disposition des résultats à l’école (à l’attention de l’équipe de circo notamment), était respectée (dans le respect des textes de cadrage précités), il n’y avait aucun motif de reproche.
Les pressions d’IEN, la menace de notifier un boycott dans le dossier professionnel d’un agent (bilan rendez-vous de carrière) serait inacceptable.
La discussion sur ce point était intéressante et vive, notamment sur le conflit entre autonomie, conscience professionnelle et devoir de répondre à une injonction ministérielle.
Selon l’IENA : il n’y a pas eu de remontée d’IEN. Le sujet n’a pas été évoqué en conseil d’IEN. Il le sera prochainement. Si décision il y a, elle sera définie au niveau national, académique ou départemental, mais pas au niveau de l’IEN.
Si vous êtes confrontés à des pressions ou menaces d’IEN notamment dans le cadre d’un rendez-vous de carrière, n’hésitez pas à nous contacter.