Les annonces s'enchaînent sans cohérence globale avec comme souci 1er, la communication. Quant à la mise en œuvre, "l'intendance suivra" . Pour le Sgen-CFDT, l'image renvoyée est pour le moins catastrophique et donne à voir un bateau institutionnel sans cap défini au gré des courants présidentiels.
Pas une semaine sans nouvelles annonces dans de nombreux champs éducatifs. Une ministre rue de Grenelle, une Éducation devenue un domaine réservé organisé depuis l’Élysée et un 1er ministre ayant emmené l’École dans ses bagages, 3 pilotes et aucun cap !
Aucun cap sinon de la communication
Il y a donc trois capitaines du bateau « éducation nationale » mais hélas plus aucun cap, si ce n’est celui de la rigueur budgétaire qui balaie toute rationalité.
Début avril, les chefs d’établissement ont appris que le pacte était suspendu sans délai. Ils ont également constaté que les dotations données en septembre ont été reprises. Aucune explication à cette confiscation inédite. Aucune information sur la reconduction ou non d’un dispositif censé revaloriser la rémunération des enseignants d’après le Ministère.
Formation initiale : une réflexion confisquée.
Toujours début avril, le chef de l’État organise une visite « surprise » dans une école de Paris pour annoncer la réforme de la formation initiale des enseignants.
La précédente réforme, faite, sous sa mandature avec le Ministère ne donnant pas satisfaction, il impose « son projet ».
La méthode reste la même, pas de bilan, pas de concertation et une réflexion confisquée.
Une vision passéiste sous bien des aspects qui montre surtout une incompréhension de l’ampleur de la crise de recrutement. Les premières raisons de la désaffection des jeunes pour les métiers de l’éducation sont les faibles rémunérations et les conditions de travail pour le moins problématiques sur certains territoires.
Programme de maternelle, un travail bâclé.
Autre chantier, le changement des programmes qui donnaient pourtant satisfaction aux personnels. Le Conseil Supérieur des Programmes, saisi en janvier, a rendu sa copie début avril. Les programmes de cycle 1 et 2 en français et en mathématique ont été publiés et ce sans concertation préalable.
Un tout en un qui réduit l’enseignant⋅e à exécuter une méthode imposée, avec un manuel imposé, dans une programmation imposée.
Ces programmes, s’ils restent ainsi, risquent, selon le Sgen-CFDT et de nombreux chercheurs, d’être une machine à produire de l’échec scolaire.
Le Chaos des savoirs continue donc à la maternelle comme au collège où les groupes de niveaux rencontrent une résistance considérable de la part de l’ensemble de la communauté éducative.
Éducation nationale : une crise de défiance inédite
C’est une crise de défiance inédite que rencontre l’exécutif qui, pour l’instant, ne se remet pas en question. Aucun doute, les conditions d’une rentrée de septembre 2024 catastrophiques sont réunies.
La tribune de cinq anciens directeurs généraux des affaires scolaires du ministère montre pourtant bien que la crise de gouvernance que traverse l’institution est majeure.
Aux objections portées par les équipes de direction sur l’infaisabilité de la réforme du collège, la Ministre rétorque que c’est la responsabilité des chefs d’établissement d’organiser les options. Elle précise même qu’elle viendra vérifier dans les établissements la mise en place réelle de ces groupes de niveaux. Une méthode, si elle est mise en œuvre pour le moins douteuse et qui viendra briser la confiance de l’ensemble des cadres d’encadrement, investis au quotidien auprès des personnels pour permettre aux élèves de réussir.
Partout sur le territoire, des actions collectives se mettent en place contre les groupes de niveaux. Enseignants, CPE, équipes de direction se mobilisent; parents d’élèves se retrouvent pour des opérations collège désert, des manifestations ou encore font savoir par voix de presse en quoi ce projet est catastrophique pour les élèves notamment les plus fragiles.
Le Sgen-CFDT agit
Nous syndiquons toutes les professions, c’est notre force, et de ce fait nous portons une vision globale du système éducatif.
Le Sgen-CFDT est totalement mobilisé.
Tout d’abord, il dépose un recours contre l’arrêté sur les groupes de niveaux qui est en contradiction avec les décrets portant sur l’autonomie des établissements quant à l’utilisation des moyens horaires. Ensuite, il écrit à Mme Belloubet pour protester contre la méthode consistant à confisquer les moyens destinées aux élèves. Le Sgen-CFDT a également déposé un préavis de grève du 2 avril au 11 juillet, pour soutenir toutes les formes d’action contre une politique qui n’a plus d’autres sens qu’une communication stérile. Les collègues doivent être en mesure de résister sous toutes les formes possibles à une réforme injuste et massivement rejetée. |