Évaluation d’école : témoignage de Valérie Turpin-Nicolas (IEN)

Pour faire suite au webinaire du 22 juin sur le dispositif "évaluation d'école" réservé aux adhérent.e.s,Valérie Turpin-Nicolas (IEN) intervenante, donne son avis sur le dispositif en répondant à deux questions : son vécu et les pistes d'améliorations possibles et nécessaires.

« Évaluation d’école », un dispositif nouveau qui peut avoir du sens avec cependant la nécessité d’en faire une analyse et de mettre en place des pistes d’améliorations. Le Sgen-CFDT avait décidé de donner la parole à celles et ceux qui l’ont vécu après cette première année d’expérimentation. Retours sur les témoignages de nos trois intervenantes à travers deux questions.

Valérie Turpin-Nicolas : Inspectrice de l’Éducation Évaluation d'écolenationale

Valérie Turpin Nicolas est Inspectrice de l’Éducation Nationale sur la Circonscription de Lille 2 Armentières. Elle a effectué au cours de l’année trois évaluations d’école en tant que pilote du dispositif, un dispositif nouveau pour les IEN qui demande comme elle le dit un changement de posture.

Comment de ta place d’ IEN as-tu vécu ce dispositif d’évaluation d’école ?

Comme IEN, j’ai vécu ce dispositif de façon globalement stimulante mais aussi chronophage.

Stimulante tout d’abord car il nous permet de belles rencontres professionnelles, humaines, autour de questions pédagogiques, qui sont bien le cœur de nos métiers. Elle m’a permis de découvrir de nouveaux contextes d’exercices, de nouveaux secteurs et des façons de travailler différentes de celles qu’on trouve dans ses propres écoles.

Chronophage ensuite car après en avoir réalisé 3 cette année (6 écoles vues dans des regroupements), je confirme que cela prend énormément de temps.
Entre la communication avec les écoles en amont des visites (mail, téléphone), la lecture et l’analyse de tous les documents reçus, les rencontres entre évaluateurs pour préparer la visite, la journée de visite, les rencontres en aval pour préparer les restitutions et rapports finaux, la présentation de la restitution et tout le travail de rédaction, de mise en page…vous pouvez imaginer le temps passé par école !

De plus, pour chaque évaluation, j’ai eu à changer de collègues. Il fallait donc faire connaissance à chaque fois avec de nouvelles personnes, de nouvelles modalités de travail….

Un point m’a néanmoins marquée lors de ces différentes rencontres: j’ai pu voir, dans toutes les écoles, des PE qui sont en souffrance (essoufflement, épuisement).

J’ai également vu des directeurs et directrices qui ont beaucoup de soucis de gestion des ressources humaines dans leurs écoles…(relations entre Enseignant.e.s, entre Enseignant.e.s et ATSEM) et qui leur causent énormément de soucis.
Beaucoup ne disent rien, pensant bien faire et préserver les collègues…Cet aspect m’a vraiment marqué car cela apparaît dans tout type d’école (rurale, urbaine, 3 classes ou bien plus).

Que faudrait-il selon vous changer dans le fonctionnement actuel pour rendre ce dispositif encore plus opérationnel et utile aux équipes ?

Il faudrait donner du temps aux équipes pour préparer le travail de réflexion et de rédaction (pris sur les 18H de Formation Continue). Le temps est actuellement pris sur les 108h, au détriment des conseils de maîtres et de cycles qui doivent également se tenir pour d’autres objectifs de travail.

Il faudrait ensuite et sans doute un cahier des charges avec les documents utiles aux évaluateurs (pour éviter les rapports d’auto-évaluation de 108 pages ou les 35 annexes jointes).
La rédaction de ces rapports demandent énormément de temps aux équipes tant dans la rédaction que l’analyse par les évaluateurs et il conviendrait de rationaliser cela en proposant un cadre type tout en permettant une certaine souplesse.

Éventuellement, il faudrait prévoir un retour d’expérience un an après avec les équipes sur les apports de l’évaluation d’école.  Ce délai permettrait un retour objectif et objectivé, quelque chose aussi d’essentiel pour optimiser le lien créé.

Replay du webinaire

 

Pour aller plus loin

Témoignage de Nathalie Bellier évaluatrice

Témoignage de Laure Guézennec