La Hongrie de Viktor Orbán, modèle pour Marine Le Pen ?

Marine Le Pen aime faire référence à la Hongrie de Viktor Orbán, qui a d'ailleurs contribué à financer sa campagne électorale lors des dernières élections présidentielles.

Le Premier ministre hongrois national-conservateur Viktor Orbán, dont le parti a remporté le 3 avril 2022 pour la quatrième fois les élections générales en Hongrie, est considéré par Marine Le Pen comme un ami et un modèle. Le Rassemblement national est depuis 2021 un partenaire du Fidesz au sein d’un « Rassemblement des patriotes européens ».

Le régime illibéral de Viktor Orbán

Issu du centre-droit, le Fidesz a évolué depuis 20 ans vers une idéologie nationaliste, ultra-conservatrice, populiste et eurosceptique. Celle-ci se traduit notamment dans une nouvelle constitution adoptée en 2011 faisant référence explicite aux valeurs de la Hongrie chrétienne, à la famille traditionnelle, dont le mariage défini comme « l’union entre un homme et une femme » ou dans des programmes scolaires privilégiant la transmission des valeurs patriotiques et conservatrices.

L’école, les médias, les syndicats, les associations indépendantes et les élus locaux, cœurs de cible des autorités

… Sa traduction dans le domaine éducatif de la Hongrie

La « promotion de l’homosexualité » auprès des mineurs, notamment à l’école, est un délit. En revanche, les auteurs liés à la période fasciste du régent Miklós Horthy sont désormais au programme du nouveau « socle commun de connaissances ». Les filles sont invitées à rester au foyer et à se contenter de « faire des enfants ».  Le choix des manuels scolaires est limité de manière drastique. Un nombre notable d’écoles publiques sont transmises à des congrégations religieuses. Les mobilisations des enseignant·es hongrois·es et de leurs syndicats PDSZ et PSZ sont réprimées et les grèves (même symboliques d’une ou deux heures) déclarées illégales si les grévistes n’assurent pas l’accueil et la surveillance des élèves.

Différentes réformes ont été mises en place, dont un système électoral favorisant le parti au pouvoir, des mesures restreignant la liberté de la presse écrite et audiovisuelle, un système fiscal défavorable aux entreprises détenues par des investisseurs étrangers ou des dispositions limitant l’indépendance de la justice à l’égard de l’exécutif et du parti majoritaire.

… Sa traduction dans le domaine des droits de l’homme et de l’accueil

Lors de la crise migratoire de 2014-2015, le gouvernement s’oppose à l’accueil en Hongrie de migrants venus de Syrie, d’autres pays du Moyen-Orient ou d’Afrique du fait de leur religion musulmane et construit une frontière étanche avec la Serbie.

Viktor Orbán s’oppose aussi frontalement aux actions philanthropiques et en faveur des droits de l’homme du financier américain George Soros, d’origine hongroise, sur fond plus ou moins larvé d’antisémitisme.

À l’issue de la pandémie de Covid-19, il s’oppose aux demandes de l’Union européenne instituant un mécanisme de conditionnalité de versement des fonds européens au respect de l’État de droit.

Visiteur fréquent de la Russie de Vladimir Poutine, il condamne du bout des lèvres l’agression contre l’Ukraine et s’oppose au passage par la Hongrie d’armes à destination de ce pays, accusé (comme les autres pays voisins concernés du reste) de mal traiter ses minorités hongroises.