Jeudi 5 novembre 2020, le ministre de l’Éducation nationale s’est adressé aux personnels de direction et aux enseignant.e.s du second degré pour annoncer des aménagements du baccalauréat et plus de facilité pour organiser l’enseignement en lycée en mixant présentiel et distanciel.
Des annonces qui vont dans le bon sens mais des revendications restent à obtenir
Le Sgen-CFDT se satisfait d’avoir été entendu sur plusieurs points. Des annonces qui vont dans le bon sens donc, mais des revendications restent à obtenir. Le Sgen-CFDT persévère.
Le Sgen-CFDT a obtenu du gouvernement un certain nombre d’avancées, grâce à un travail de fond auprès du gouvernement (aménagement du bac, organisation articulant présentiel et distanciel dans les lycées notamment), mais il faut encore avancer sur d’autres points, en particulier pour les écoles et les collèges. D’autre part, la situation n’est pas homogène suivant les territoires : dans certains cas, les rectorats valident des organisations plus souples, en fonction des contraintes locales, et dans d’autres cas, aucune avancée n’est possible.
Compte tenu de ces éléments, et en particulier des différences de situation d’un établissement à un autre, nous pensons qu’une grève d’un jour au niveau national ne répond pas aux enjeux de la période.
Le Sgen-CFDT a donc choisi des modalités d’action plus locales, pour s’appuyer sur des éléments concrets, tout en soutenant bien sûr les équipes, auprès de l’ensemble des acteurs (gouvernement, services déconcentrés, collectivités locales…).
Aménagement du bac 2021 : un changement de méthode bienvenu
Pour une fois, les annonces ont d’abord été faites aux agents avant toute communication médiatique du ministre.
Les décisions répondent à plusieurs revendications du Sgen-CFDT qui n’a eu de cesse de porter ses propositions notamment dans le cadre du comité de suivi.
Ainsi, l’annulation des trois évaluations communes va permettre d’alléger la pression certificative : leur transformation en contrôle continu présente de nombreux avantages, notamment la simplicité et la confiance affichée envers le professionnalisme des enseignants.
L’aménagement des épreuves de spécialité par l’ouverture des choix de sujets permettra quant à lui une prise en compte du parcours accidenté des élèves ; pour autant le maintien de ces épreuves en mars pose question tant l’incertitude sanitaire est grande. Le Sgen-CFDT demande que ce maintien soit réexaminé en concertation au plus tard en janvier 2021 au regard de la situation pandémique. La question des épreuves du mois de juin reste également pendante.
L’aménagement pédagogique de l’année scolaire doit être poursuivi
Définir des plans de continuité pédagogique en lycées
L’incitation à définir des plans de continuité pédagogique en lycées était une demande du Sgen-CFDT. Elle va lever certains blocages et doit pouvoir permettre aux équipes de travailler collectivement à définir des organisations hybrides qui devront garantir à la fois sécurité sanitaire, conditions de travail et maintien de temps en présentiel pour les élèves.
Des sujets pédagogique restent à résoudre
Pour le Sgen-CFDT, il reste des sujets pédagogiques à résoudre. Le contexte sanitaire et économique rend difficile voire impossible pour les élèves de la voie professionnelle l’obtention d’un stage pour les périodes de formation en milieu professionnelle, d’un contrat d’apprentissage. Il faut aménager les conditions de validation de l’année scolaire et de diplomation pour que les élèves ne patissent pas de cette situation. L’ensemble de la CFDT est mobilisée sur l’accompagnement des apprentis et plus globalement des jeunes quel que soit leur niveau de qualification pour améliorer leurs conditions d’insertion. Nous avons déjà soulevé ces questions au ministère qui doit apporter des réponses opérationnelles.
Pour tous les niveaux d’enseignement, l’année est et continuera d’être perturbée
Des élèves sont absent.e.s parce qu’ils sont malades du covid ou cas contact, potentiellement il y aura plus d’absences qu’une année « ordinaire ». De la même manière, des enseignant.e.s sont absent.e.s et nous le constatons partout, faute de personnels disponibles, les remplacements ne peuvent pas toujours être assurés.
Sortir de l’idée que nous devons finir les programmes comme si de rien n’était…
Pour le Sgen-CFDT, il est indispensable de sortir du discours que l’année est normale, de sortir de l’idée que nous devons finir les programmes comme si de rien n’était. Les programmes sont souvent trop chargés pour une année scolaire habituelle. Dans ce contexte, ne pas annoncer clairement que l’objectif n’est pas de finir les programmes, ne pas clarifier quelles sont les attentes en termes de compétences et de connaissances en fin d’année, en fin de cycle et au moment des épreuves servant de base pour les diplômes, attentes adaptées au réel, c’est faire reposer une responsabilité trop forte sur les personnels, sur les élèves. Cette responsabilité génère une tension, voire un sentiment de culpabilité pour chacun et chacune. Ce n’est pas acceptable. Là aussi, le Sgen-CFDT ne cessera de porter ses revendications et d’argumenter pour faire bouger les lignes.
Organiser le système éducatif pour protéger les personnes et soutenir la stratégie de santé publique
Le Sgen-CFDT l’a réaffirmé fortement, son objectif est que le système éducatif et de formation soit organisé pour éviter la fermeture complète des établissements à l’enseignement en présentiel, de la maternelle à l’université.
Depuis plusieurs semaines, nous avions dit que des gestes barrières essentiels pour ralentir la circulation du virus étaient inapplicables dans nombre d’écoles, collèges et lycées : distanciation dans les classes, les couloirs et à la cantine, aération des salles de classe et de restauration. Le protocole sanitaire publié fin octobre n’est pour nous pas renforcé dans la mesure où beaucoup de dispositions sont à mettre en place « si possible »… et sinon on ne fait pas…
Faire cesser les obstructions aux aménagements proposés par les équipes
Un passage prévoyait qu’en cas d’impossibilité de renforcer le protocole, il était possible de passer à une organisation articulant enseignement en présentiel et enseignement à distance. Mais sur le terrain, nos équipes ont tôt fait le constat que dans plusieurs académies il était impossible d’obtenir ces aménagements. Les équipes travaillaient, et des rectorats bloquaient, avaient des exigences inatteignables ou insupportables et pour tout dire à la limite du harcèlement notamment en direction des personnels de direction.
Le Sgen-CFDT a demandé fermement au ministère de faire cesser l’obstruction là où elle a lieu. Les courriers du ministre montrent que nous avons été entendu sur ce point. Mais nos équipes académiques et nationales restent mobilisées car il n’est pas exclu que des réticences perdurent. Nous interviendrons en soutien aux équipes autant que de besoin, que ce soit localement ou nationalement, en activant tous les outils de la protection de la santé et sécurité au travail, voire de la grève localement si les autorités académiques bloquent tout.
Écoles, collèges, protéger des situations les plus à risque de transmission
Cependant les courriers du ministre ne disent rien des écoles et des collèges. Or si les connaissances épidémiologiques montrent des différences par tranches d’âge en termes de symptôme et de contagiosité, les enfants ne sont pas à l’écart de l’épidémie. Les enfants, les professionnels travaillant à leur côté et leurs familles doivent aussi être protégés non pas du risque zéro qui n’existe pas, mais des situations les plus à risque de transmission. Il en va de leur protection individuelle mais aussi de la réussite de la stratégie de santé publique pour endiguer l’épidémie.
Or dans des écoles, dans des collèges, les problèmes de distanciation en particulier à la cantine, les difficultés voire impossibilités pour aérer les salles de classe existent aussi. Pour le Sgen-CFDT, ces situations doivent enfin être prises au sérieux et des solutions doivent être trouvées.
Il faut cesser de recommander de remplacer un temps de récréation en extérieur par un temps calme en classe. Enfants et adolescent ont besoin de sortir, de bouger, c’est aussi cela qui contribue à leur santé physique et mentale. En outre c’est bien en lieu clos que les risques de propagation du virus sont les plus forts. Sur ce point, le Sgen-CFDT demande la modification du protocole sanitaire.
Articuler court terme et moyen terme, protection des personnes et aménagement des locaux
Il faut articuler court terme et moyen terme, protection des personnes et aménagement des locaux.
En matière de protection des personnes :
- Partout les personnels qui travaillent avec les élèves doivent être équipés de masques chirurgicaux, en masques de type II lorsque les élèves ne portent pas de masque (écoles maternelles, EPS en particulier). Les AESH doivent avoir des masques FFP2 et les enseignant·es de CP-CE1, des masques transparents.
- Les dotations en masques doivent être assurées dans la durée partout et couvrir le temps de travail et le temps de déplacement entre le domicile et le travail ;
- L’approvisionnement en gel hydroalcoolique, en savon doit être mieux garanti partout, nos équipes constatent encore trop de ruptures de stock.
Lorsque cela n’est pas garanti, le Sgen-CFDT invite les personnels à faire une alerte au CHSCT de leur département ou académie, à le notifier dans le registre sécurité et santé au travail et à informer le syndicat Sgen-CFDT de leur académie. Informez aussi les représentant.e.s des parents d’élèves et les représentant.e.s de la collectivité locale.
D’autres aménagements doivent être recherchés
Pour le Sgen-CFDT, d’autres aménagements doivent être recherchés, construits pour donner des perspectives à toutes et tous. Ce sera un effort organisationnel et budgétaire pour l’Etat et les collectivités locales, mais un effort nécessaire et légitime au regard du double objectif de lutte contre l’épidémie et de formation et d’éducation de la jeunesse :
- Soit les collectivités locales peuvent rapidement effectuer les réparations permettant d’ouvrir enfin les fenêtres et les volets, soit il faut proposer l’acquisition de purificateurs d’air et suivre en cela une des propositions du conseil scientifique,
- L’État doit prendre des dispositions exceptionnelles dans le cadre de l’état d’urgence pour faciliter le recrutement de personnels pour assurer les remplacements dans la période,
- Les acteurs éducatifs et économiques sur les territoires pourraient trouver des lieux complémentaires pour accueillir les enfants sur le temps de la cantine, et pourquoi pas aussi sur le temps d’enseignement et le temps périscolaire pour les élèves des écoles et des collèges cela suppose aussi des personnels en plus, un soutien financier de l’Etat aux collectivités locales sera nécessaire,
- Les collectivités locales doivent programmer les travaux de rénovation des bâtiments scolaires que l’épidémie rend urgent mais qui sont en réalité nécessaires depuis longtemps : sanitaires en nombre suffisants et fonctionnels, fenêtres en bon état de fonctionnement, système d’aération en particulier dans les salles de restauration. L’Etat, dans le cadre du plan de relance doit soutenir cet effort, ce seront aussi des emplois en France qui seront ainsi créés.
Préparer les aménagements organisationnels et pédagogiques c’est déjà du travail
Les équipes de direction, les équipes éducatives, la communauté éducative ont besoin de temps de concertation reconnus pour le faire. Cela suppose que les autorités académiques et ministérielles autorisent l’organisation de temps banalisés dans les écoles, collèges et lycées. Contrairement aux affirmations péremptoires nous ne sommes pas prêts à changer d’organisation du jour au lendemain comme s’il suffisait d’appuyer sur un bouton.
Le Sgen-CFDT poursuit son travail incessant pour faire entendre au gouvernement que ces mesures doivent être prises dès maintenant pour avoir un effet et surtout pour éviter le risque toujours présent d’être contraint de fermer totalement à l’enseignement en présentiel des écoles et des collèges.
Une grève d’un jour au niveau national alors que les situations sont très différentes d’un établissement à l’autre n’y suffira pas.
Le Sgen-CFDT et ses syndicats accompagnent toutes les équipes qui les sollicitent, y travaillent avec l’ensemble des acteurs en en lien avec tous les syndicats de la CFDT. L’école ne peut pas tout toute seule, c’est bien avec tous les partenaires éducatifs que nous devons continuer à faire bouger le ministère de l’Éducation nationale, ses services déconcentrés, mais en fait aussi tout le gouvernement et les collectivités locales.