TRIBUNE: LE CHOC DES VALEURS POUR UN RÉARMEMENT DES VALEURS REPUBLICAINES

Retrouvez dans cet article la TRIBUNE DES PERSONNELS DE DIRECTION DU SGEN-CFDT LORRAINE « LE CHOC DES VALEURS » POUR UN REARMENENT DES VALEURS REPUBLICAINES

Les personnels de direction du Sgen-CFDT Lorraine alertent sur les conditions de préparation de la prochaine rentrée et sur les réformes en cours du collège et de la voie professionnelle qui percutent violemment les valeurs du Sgen-CFDT et plus largement l’esprit de l’Ecole de la République.

Une préparation de rentrée chaotique

Nous n’avons pas eu le temps d’évaluer ni la réforme précédente du collège et du lycée professionnel ni les nouveautés mises en œuvre en septembre 2023. On nous demande de mettre en œuvre de nouvelles mesures qui s’éloignent davantage de la réalité et de l’expertise du terrain.

Les mois de janvier-février sont ceux de la préparation de rentrée de septembre. L’essentiel de l’organisation pédagogique, de la répartition des ressources humaines se décide en ce moment. Pour la première fois, il est demandé aux personnels de direction, aux responsables de services administratifs académiques et aux inspecteurs de préparer cette rentrée sans cadrage national. Et sans garantie que ces choix politiques sont techniquement réalistes. On bascule de nouveau dans l’inconnu.

POURQUOI DES GROUPES DE NIVEAUX au collège ?

Pourquoi déconstruire la voie professionnelle ?

Jamais depuis au moins ces trente dernières années, l’école, notre école, n’avait été aussi violemment attaquée dans ses fondements, son essence, ses promesses républicaines d’égalité et de fraternité.

Jamais le politique ne l’avait autant emporté sur le pédagogique, jamais les privilèges de quelques-uns ne l’avaient autant emporté sur l’intérêt de tous.

Pour la première fois depuis longtemps, notre conviction n’est plus seulement que les mesures prises sont insuffisantes, difficiles à mettre en œuvre, contraires aux réalités de terrain ; non pour la première fois depuis longtemps, depuis très longtemps, nous avons le sentiment, la certitude, de conduire une grande partie de nos élèves à l’échec et dans l’impasse, la certitude que nous abandonnons les plus fragiles et que si nous n’agissons pas, si nous laissons faire sans rien dire, l’école, notre école, sera l’école du renoncement, celle de toutes les abdications.

Les groupes de niveau une erreur?

Les groupes de niveau sont une erreur et sont à rebours de tout ce que nous avons fait ces dernières années. Cette organisation est non seulement incapable de répondre aux défis de l’école, à ses aspirations et sa volonté de faire vivre l’égalité des chances, mais en plus elle détruit tout ce qui pouvait fonctionner dans les établissements scolaires, toute l’autonomie des équipes qui sur le terrain, faisaient vivre et appliquer au niveau local toutes les directives nationales. Les groupes de niveau créent un véritable Apartheid social et scolaire qui ne fera que renforcer les difficultés du vivre ensemble. Au-delà de l’impasse pour les élèves, au-delà de leur devenir dans ce système qui les ghettoïse, c’est une vision de la société que nous dénonçons, celle du séparatisme, de l’exclusion, celle qui a renoncé à faire vivre ensemble, et se croiser des destins différents.

Quel professionnel de l’éducation peut penser qu’il suffit à un élève de travailler pour réussir, qu’il n’existe pas de contraintes ni de contexte socioculturel, qu’il n’y pas de reproduction sociale et que l’école parvient à emmener de la même manière tous les élèves ? Nous sommes convaincus au contraire que l’école doit jouer un rôle pour briser les déterminismes et tenir ses promesses républicaines d’égalité des chances par une politique volontariste.

Moins d’école pour la voie pro

Concernant la voie professionnelle, la réforme est synonyme de moins d’école pour les élèves, d’inégalité de réussite aux examens avec la mise en place des parcours différenciés, et d’une nouvelle dégradation des conditions de travail des professeur·es de lycée professionnel. Ce texte sans aucun vote favorable, fait inédit au CSE, témoigne une fois de plus du refus massif de la réforme des lycées pros. De plus, les moyens constants et les délais pour une telle réforme, dont les conséquences pour les élèves comme pour les personnels nécessitent une plus grande attention, sont vécus comme une provocation.

DU RESPECT ET DE L’ÉCOUTE !

Rappelons-nous que l’Ecole permet à tous les jeunes de se côtoyer, de se connaitre, d’apprendre ensemble. Après les émeutes de l’été dernier, cet enjeu est plus important encore. L’Ecole porte la volonté de faire société, de permettre à tous les enfants de France d’un même territoire de grandir ensemble, gage de cohésion sociale.

Nos établissements et leurs personnels ont besoin d’être respectés par leur ministre, leur hiérarchie. Cela signifie entendre aussi leur expertise du terrain, respecter une bonne temporalité de travail, faire des choix qui favorisent tous les élèves, qui permettent à chacun de progresser, de s’épanouir à travers les apprentissages.

 

Pour les personnels de direction du Sgen-cfdt Lorraine

Sabah ATHIMNI correspondante académique et représentante des personnels de direction du Sgen Cfdt Lorraine.

 

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