Un nouvel empilement de mesures

Déclaration liminaire du Sgen-CFDT au C.S.A. M.E.N. du 06 décembre 2023

pisa

Le ministre a annoncé hier les décisions prises en matière de politique éducative suite à la mission dite exigence des savoirs. En les présentant le jour de la publication de l’enquête PISA, il en fait sa réponse à l’évaluation de l’OCDE.

 

 

Dans le second degré : groupes de niveau, certes pas permanents, classe de préparation au lycée regroupant les élèves ayant échoué au brevet.

Dans le premier degré : limitation drastique de la capacité des enseignantes et enseignants d’ajuster leurs gestes professionnels, de différencier leur pédagogie au cœur de leur enseignement avec :

  • une méthode unique imposée en mathématiques,
  • le recours à des manuels labellisés,
  • des objectifs annuels au détriment des cycles,
  • la remise en avant du redoublement.

Le traitement des difficultés d’apprentissage est donc renvoyé en dehors des temps d’enseignement communs à toutes et tous, et s’appuient sur des dispositifs séparant les élèves. Dispositifs qui risquent fort d’activer chez les élèves catégorisés par leurs difficultés une perte d’estime de soi, et l’illusion de l’incompétence si bien documentée par les recherches en éducation depuis plusieurs années.

Ce sont donc autant de mesures qui tournent le dos aux recherches en éducation.

C’est aussi et surtout renoncer à s’appuyer sur l’expertise professionnelle pédagogique des enseignantes et enseignants. C’est avancer dans la direction de l’enseignant exécutant. C’est promouvoir une vision mécaniste des apprentissages et minorer la différenciation pédagogique dans la classe.

Tout cela alimentera la perte de sens au travail. Et cela aboutira inévitablement à une mise en tension car c’est contradictoire avec les objectifs d’une école inclusive.

Une fois de plus, le silence est assourdissant sur la mixité sociale et scolaire, sur le bien-être et la santé des élèves qui sont pourtant incontournables si l’objectif est bien celui de la réduction des inégalités socio scolaires.

Oui, les enquêtes PISA mettent en évidence des défis éducatifs majeurs. Y répondre suppose une construction, une élaboration plus travaillée qu’un choc, suppose une vision à plus long terme, du temps et des moyens de mise en œuvre. Nous n’y sommes hélas toujours pas. Les politiques éducatives depuis 2017 ressemblent plus à de l’agitation, de l’empilement au risque de la contradiction.

C’est aussi la raison pour laquelle nous vous demandons un moratoire sur la réforme de la terminale bac pro qui, en l’état, ne correspond pas à aux attentes, à nos ambitions pour la voie professionnelle.

Il faut aussi desserrer le calendrier d’une éventuelle réforme de la formation initiale et du recrutement des enseignantes et enseignants. Une telle réforme suppose un travail fin articulant Éducation nationale et Enseignement supérieur recherche. Elle suppose aussi un travail conséquent des personnels dans les Universités et spécifiquement dans les INSPE. Le faire à marche forcée c’est mettre tout le monde en tension, et prendre le risque de mesures contre-productives.

Cet empilement, cette succession rapide de décisions parfois contradictoires entre elles, ordres et contre-ordre, contribue à la dégradation des conditions de travail. C’est désormais une caractéristique majeure du travail commune à quasi tous les métiers de notre ministère. S’y ajoutent l’inadéquation entre les missions assignées et les moyens attribués ou disponibles pour les réaliser.

Dès la fin août, nous vous alertions sur le fait que les consignes de déployer la formation continue des enseignantes et enseignants hors temps d’enseignement aurait des effets délétères. L’attrition de l’accès à la formation continue que les professeur.e.s des écoles subissent déjà depuis longtemps s’étend désormais au 2nd degré.

De plus en plus de collègues nous signalent des formations imposées en visio sur des horaires tardifs au mépris des règles élémentaires concernant l’amplitude horaire d’une journée de travail ou de temps de récupération entre deux journées de travail. Pour le Sgen-CFDT c’est inacceptable. Cela contredit tous les objectifs de qualité de vie et conditions de travail, et d’égalité professionnelle. Tout se passe comme si les règles élémentaires en matière d’organisation et de droit du travail ne trouvaient pas à s’appliquer aux personnels de l’éducation.

Les personnels qui font l’école au quotidien attendent des politiques cohérentes, respectueuses de leurs expertises professionnelles, de leurs conditions de travail et de leur qualité de vie.


Vœu unanime des organisations syndicales du CSAMEN sur la voie professionnelle

Nos organisations syndicales FSU, UNSA, FO, SGEN-CFDT, CGT’educ, SNALC, Sud’éduc, réunies en CSL ce mercredi 29 novembre ont dénoncé d’une seule voix et avec force le texte relatif aux grilles horaires du cursus bac pro.

Ce texte révèle pour les élèves des pertes d’heures qui ne sont pas compensées réglementairement. Les bouleversements majeurs envisagés auront aussi un impact lourd sur les conditions de travail de l’ensemble des personnels exerçants en lycées professionnels.
Des questions centrales pour organiser la rentrée 2024 ont été posées et sont restées sans réponse. De surcroît, les textes concernant les modalités d’organisations et d’évaluation de l’oral de projet comme celui concernant les parcours diversifiés ne sont pas connus.

Face à cette précipitation et à l’absence de modalités claires de mise en oeuvre que représentent l’ensemble de ce projet, l’intersyndicale unitaire des lycées pros FSU, UNSA, FO, SGEN-CFDT CGT’educ, SNALC, Sud’éduc, s’adressent solennellement à M. Le Ministre Gabriel Attal afin qu’il renonce à présenter ce projets au CSE du 14 décembre et qu’il engage de véritables concertations au sein du ministère de l’Éducation nationale sur la base d’un diagnostique rigoureux à partager sur l’état de l’enseignement professionnel tant pour les élèves que pour les conditions de travail des personnels avant toute réforme.