Un an après la Conférence Nationale des Personnes Handicapées, le gouvernement entend passer à la vitesse supérieure mais a-t-il vraiment les moyens des ambitions affichées notamment pour l’amélioration des conditions de travail des personnels à l’heure où l’austérité revient à grands pas ?
Au sein des classes françaises, de nombreux enfants perturbent la sérénité nécessaire aux apprentissages. Qu’ils soient notifiés ou non, la situation peut devenir très vite invivable pour les collègues. Ils se retrouvent le plus souvent sans solution immédiate. La CFDT Education Formation Recherche Publiques ne remet pas en cause le principe d’inclusion inscrit dans la Loi. Cependant les personnels doivent trouver une réponse à ce désarroi professionnel qui peut rejaillir sur leur santé. C’est bien pour cela que le système éducatif a besoin d’un projet ambitieux. Ce dernier doit dépasser le cadre strict de l’éducation en mettant en place un projet interministériel. C’est un projet que la CFDT porte depuis longtemps maintenant. Plusieurs mesures devraient voir le jour dès la rentrée prochaine à moins que…
Pôle d’Appui à la Scolarité : des départements expérimentateurs.
Les PIAL n’ont depuis leur mise en place fait que gérer la pénurie d’AESH. En aucun cas elle n’a permis de proposer des solutions à de nombreuses inclusions. Tout cela malgré la bonne volonté des acteurs et actrices.
Pour la CFDT Education Formation Recherche Publiques, il faut penser l’inclusion autrement. Cela sera possible en mettant en place des équipes pluriprofessionnelles chargées de la prise en charge des enfants. Il est alors important de prendre en charge celles et ceux qui ne sont pas notifiés MDPH.
Le Ministère semble l’avoir entendu. Il va expérimenter des Pôles d’Appui à la scolarité, sur 4 départements (le Var, l’Eure et Loir, la Côte d’Or et l’Aisne). La généralisation se fera en 2027. Ces PAS expérimentaux (une centaine au total) seront composés d’un enseignant spécialisé coordonnateur et de deux éducateurs spécialisés issus du médico-social. Objectif affiché : garantir une réponse en cas de signalement d’un.e difficulté particulière avec élève au sein d’une école, un établissement dans un bassin donné et ce de la maternelle à la terminale. Pas besoin de notification MDPH pour déclencher l’aide. Autour de ce PAS, des professionnels spécialisés chargé de remédier aux difficultés de l’enfant. Ils pourront être sollicités directement : ergothérapeute, psychiatre, psychologue, psychomotricien…
Des doutes sur la mise en œuvre de l’inclusion
Si l’idée est de prime abord très intéressante, c’est bien sa mise en œuvre qui risque de poser problème. En effet, comment trouver, recruter une centaine d’enseignants spécialisés au sein de ces quatre départements? En effet, la formation se tarie depuis un certain nombre d’années et les départs en formation décidés par les directions académiques se font rares. Idem pour les éducateurs spécialisés que les établissements médico-sociaux ont du mal à recruter et fidéliser.
A l’heure où le Ministère de l’éducation nationale doit redonner près de 700 millions d’euros sur son budget, difficile de penser que ce soit une priorité car il convient avant tout d’avoir un.e enseignant.e devant une classe. Sans des personnels formés indispensables à son fonctionnement, les PAS risquent d’être des coquilles vides incapables de jouer le rôle pour lequel ils ont été créés.
D’autres mesures sont prévues :
Le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées avait fixé un cap. cela se traduit par d’autres mesures :
- Création de places supplémentaires dans les établissements médico-sociaux,
- Création d’Ulis collège et école pour accueillir des élèves en attente de places,
- Recrutement d’AESH avec l’objectif de pouvoir remplacer et de combler les actuels manques,
- Mise en place de formations autour de l’inclusion dans les académies pour les AESH et les enseignants de écoles et des établissements du second degré.
Un plan pour l’inclusion scolaire qui va se heurter au principe de réalité
L’ambition est donc certaine mais elle risque de se heurter à la réalité financière du pays. Pour la CFDT, comme le demande l’ONU dans ses 59 propositions (la France en est signataire), il convient que les dépenses d’éducation échappe aux mesures d’austérité. Au vu des dernières annonces, c’est peu probable. Sans avancée sur l’inclusion, les conditions de travail des personnels, les conditions d’accueil des enfants porteurs de handicap ou à besoins particuliers ne s’amélioreront pas. Ainsi, des personnels seront toujours mis à mal faute de préparation et d’accompagnement pour inclure un enfant à besoins éducatifs particuliers. Ils le seront d’autant plus si l’élève s’avère violent. Les discours d’intention du gouvernement doivent maintenant se traduire en actes car l’attente est grande.