Conseil de Vie Collégienne (CVC) : quels enjeux?

Le Sgen CFDT demande de longue date la mise en place du CVC pour faciliter l’apprentissage progressif et cohérent de la démocratie. Un décret passé au Conseil supérieur de l'Education en juin 2016 prévoit enfin sa création dans tous les collèges.

colleges_segpaLe CVC (Conseil de Vie Collégienne) va bientôt être institué, le projet de décret ayant été étudié par le CSE le 30 juin 2016. Mais il faudra, pour que ce soit une vraie avancée, une réelle prise en charge par la communauté éducative et tenir compte de l’existant. C’est en effet la condition pour ne pas décourager l’investissement dans les projets et l’amélioration du cadre de vie et du climat scolaire.

Le CVC est logiquement officialisé en même temps que l’application de la réforme du collège. Les élèves auront appréhendé la mise en projet à travers les Enseignements Pluridisciplinaires Interdisciplinaires (EPI). Ils vont pouvoir aussi l’appliquer au sein de cette instance, qui demande des idées et de la rigueur dans la méthode pour aboutir à quelque chose de concret et non à de simples propositions.

Une large part d’initiative locale

Ce texte laisse une part d’autonomie importante dans la mise en application du CVC. Ainsi, chaque établissement va pouvoir adapter cette nouvelle instance suivant le contexte et les objectifs définis. Par contre, ce manque de cadrage strict doit nous inciter à veiller à une application juste et réaliste. En effet, les élèves pourraient être déçus de la marge de manœuvre qu’ils auront ou pas. Il serait dommageable qu’ils s’investissent sans résultat concret.

Exemple d’autonomie : contrairement au Conseil de Vie Lycéenne (CVL) et au Conseil d’Administration, le nombre de représentants élèves n’est pas spécifié ni le niveau requis pour participer. Donc des élèves de 6ème pourront participer. La particularité des 6èmes peut être un manque d’organisation notoire. Mais ils sont vifs, demandeurs de projets et plein d’idées. Ils peuvent apporter une fraicheur à cette instance, à condition qu’ils soient bien accompagnés, que ce soit par un adulte référent ou un autre élève de 4ème ou de 3ème.

Par contre, le projet du texte laisse l’éventualité d’une désignation des membres au lieu d’une élection stricte. Cela peut s’entendre par rapport aux personnels enseignants : il parait judicieux qu’un enseignant partie prenante dans l’un des trois parcours puisse participer. Mais pour les élèves, il est important qu’il y ait une élection. Même si pour les petits établissements, ils peuvent être noyés sous les élections élèves : délégués de classe, élus au CA, éco-délégués, conseiller départemental junior…..

De même, l’infirmier(ère) doit participer là où elle est régulièrement présent(e), en tant que référent(e) du parcours santé.  Celui-ci fait en effet partie des débats à mener au sein du CVC.

Le CVC et les autres instances

Cette nouvelle instance pose question sur d’autres instances : l’assemblée générale des délégués a les mêmes objectifs que ceux présentés pour le CVC. Les éco-délégués répondent à des interrogations mises en exergue dans le parcours citoyen. De même, le CVC étudie et propose des projets ou évolutions de pratiques dans le cadre du parcours citoyen et du parcours éducatif de santé. Que devient le CESC qui regroupe ces mêmes missions ? Des élèves proposés par le conseil d’administration (souvent parmi les élèves élus au CA) sont membre du CESC. Comment faire vivre toutes ces instances dont les champs de compétences se croisent ? Deux choix possibles : avoir les mêmes élèves dans les instances ou au contraire faire fonctionner toutes les instances en veillant à varier les  participants. Ce peut être compliqué dans les établissements de petite taille où les élèves sont énormément sollicités, ainsi que les enseignants. Il y a un risque d’épuisement et de répétition pour les différents participants.

Quel lien établir entre les élèves du CVC et ceux élus au CA ? La question sous entendue est : que deviennent les travaux et projets travaillés par le CVC ? Est-ce présenté au CA pour validation ? Est-ce juste le Président du CVC qui décide, donc le chef d’établissement ? Un vice-président du CVC élève est-il prévu afin de participer de manière automatique au CA comme c’est le cas pour le vice-président du CVL ? Sera-t-il au moins invité pour remonter les travaux du CVC mais aussi pouvoir faire un retour aux membres du CVC ?

Le risque de cette nouvelle instance est de décevoir les élèves. Ils vont en effet certainement avoir de fortes attentes, au regard de tous les champs d’intervention possibles. Certaines mises en application nécessitent un budget. Par rapport au CVL, les régions font des appels à projet pour financer certains projets porteurs. De même, pour les projets liés au CESC, il est possible de demander un financement. Il est donc essentiel qu’un financement soit possible pour faire aboutir les propositions des CVC.