L’éducation, enjeu majeur de société

L’éducation est un enjeu prioritaire pour l'économie de la société française. C’était le postulat du colloque organisé mardi 14 mars 2017 au ministère de l’économie et des finances.

L’intitulé du colloque était « l’éducation un enjeu prioritaire pour la croissance, des bénéfices pour la société ».

Les apports d’une éducation efficace n’ont été analysés que d’un point de vue économique. Pour le Sgen-CFDT investir dans l’éducation a un effet économique qu’il ne faut pas négliger, mais qui n’est pas l’ambition première de la politique éducative que nous portons. Les défis majeurs que doit relever l’Education nationale sont ceux de la construction d’une école plus égalitaire, de l’élévation du niveau de qualification de tous les élèves, du développement de la citoyenneté, de l’émancipation des individus, enfin de l’amélioration des conditions de travail des personnels.

Le compte-rendu du colloque

Investir dans l’éducation

« L’augmentation des compétences des élèves est un enjeu majeur pour le développement économique », affirme Michel Houdebine, économiste à la direction du Trésor.

Les économistes ont évalué que si la réussite des jeunes français étaient au niveau de celui des coréens aux évaluations PISA, le taux d’augmentation du PIB serait de 35%.

En France, on dépense 15% de moins que l’OCDE pour le primaire et 35% de plus pour le lycée, alors que le rendement de l’investissement (en termes de progression du PIB) est plus important quand on investit sur le primaire.

Former différemment et développer des compétences différentes

Philippe Jamet, Directeur Général de l’école Mines Télécom, dit que les entreprises recherchent de plus en plus de candidats qui ont un profil « montessorien. » On demande à l’université de former des étudiants qui aient des qualités d’audace, d’engagement, de créativité, d’imagination. »

Il est donc indispensable que toute la chaine antérieure à l’enseignement supérieur le prépare, c’est à dire que soient développées à l’école, au collège et au lycée ces compétences par une pédagogie active qui privilégie la prise d’initiative.

Elise Huillery, professeure d’économie à Paris-Dauphine, explique que l’estime de soi, la persévérance, la confiance en soi, l’entraide, « les compétences socio-émotionnelles » de façon générale, sont plus importantes pour la réussite scolaire que les compétences cognitives.

Les compétences socio-émotionnelles sont plus importantes que les compétences cognitives

En termes de compétences sociales, les élèves français sont très en deçà des autres pays de l’OCDE (notamment l’anxiété face à l’accomplissement des tâches scolaires). A un « sur-déterminisme » social s’ajoute un déficit en compétences « socio-émotionnelles » qu’il convient de combler.

S’inspirer des expériences étrangères et investir dans la recherche

François Taddei, explique que les pays qui font bien réussir leurs élèves sont ceux qui associent recherche, enseignement et politique publique.

Les budgets consacrés à la recherche doivent être une composante forte de l’action publique. Tous les enseignants doivent être des chercheurs qui échangent par l’intermédiaire de plateformes collaboratives mises à leur disposition.

Les pays qui savent mieux faire réussir leurs élèves ont

des enseignants qui sont des chercheurs de solutions et non des applicateurs de programmes.

« Il faut faire confiance aux acteurs locaux au lieu de leur proposer des programmes nationaux », poursuit François Taddei.

Singapour offre à ses enseignants une formation continue très importante en temps de formation ainsi qu’en terme d’autonomie. En effet, les enseignants choisissent eux-mêmes les formations qu’ils souhaitent suivre.

La confiance et la bienveillance à tous les niveaux (du ministère à la salle de classe) sont les bases indispensables à l’évolution des pratiques pédagogiques pour faire réussir tous les élèves.

Il s’agit de passer, en France, d’une culture de la compétition à une culture de la coopération.

« Quand un élève a appris quelque chose, un autre peut l’apprendre plus vite par la coopération », dit François Taddei. Pour les enseignants c’est le même processus qui doit être encouragé.

La recherche doit mettre à disposition des indicateurs en temps réel pour adapter les pratiques sans attendre le thermomètre PISA tous les 3 ans.

Yuri Belfali, cheffe de service à l’OCDE décrit 3 conditions pour une amélioration des performances du système éducatif français :

  • Une autonomie pédagogique
  • Une culture collaboratrice (Une dynamique pour que les enseignants échangent entre eux)
  • Une bonne connaissance disciplinaire.

Le Sgen-CFDT s’engage au quotidien pour l’évolution des pratiques pédagogiques, pour l’autonomie  des équipes pédagogiques, pour le développement de la recherche en éducation et pour l’investissement éducatif.