700 millions ?

Le ministre de l’Éducation Nationale a présenté mercredi 26 mai les conclusions du "Grenelle de l’Éducation" ainsi que des mesures budgétaires de revalorisation des personnels pour l'année 2022 à hauteur de 700 millions d'euros.
Qu'en penser ? Tentative de réponse en forme de billet d'humeur.

700 millions700 millions. Enfin, 400 + 200 + 100. C’est beaucoup. Mais pour 1 million d’agents, cela fait peu, pour une revalorisation qui se veut « historique ».

700 millions. Cela fait pourtant plus de 25 ans qu’une telle augmentation annuelle en direction des personnels n’avait pas été annoncée. Si ce début de revalorisation est « historique » c’est parce qu’il succède à un vide quasi-total, à des décennies qui ont vu le pouvoir d’achat des personnels de l’Education Nationale se réduire progressivement. Au royaume des aveugles les borgnes sont rois, et au royaume du néant des revalorisations de l’Education Nationale, le roi de la communication parade comme il a l’habitude de le faire. Celles et ceux qui se sont succédés aux manettes avant lui feraient quant à eux mieux de raser les murs.

700 millions. Qui viennent donc s’ajouter aux 400 millions de cette année. Une 2e marche donc, un poil plus haute que la 1e.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, monsieur le Ministre, deux marches ce n’est pas un escalier, c’est un escabeau tout au plus.

Il va falloir en ajouter des marches pour que les personnels sortent de la cave et arrivent jusqu’au 2e étage.

700 millions700 millions. Un chiffre, mais quelles réalités derrière ? Quels engagements ? Quelles contreparties pour les personnels ? A ce stade certaines hypothèses inquiétantes et farfelues semblent avoir été écartées. On aurait tort de ne pas y voir le produit de l’action syndicale qui depuis des mois pèse, oriente, pour que les décisions aillent dans le bon sens (qui diffère souvent du bon sens cher au ministre). Mais on aurait tort aussi de ne pas rester attentifs à ce qui va être dit et proposé dans les semaines qui viennent, d’ici à ce que des idées saugrenues sorties par la porte tentent de revenir par la fenêtre.

700 millions. Pour qui ? Le plus confortable serait d’en donner un peu à chacun.e. Pas de jaloux, et cachons ainsi ces inégalités que l’on ne saurait voir. Celles qui font que l’on pratique parfois le même métier, au même endroit (ou même dans un endroit bien plus confortable) en gagnant 3 à 4 fois plus que son collègue.

Le plus juste, loin d’être le plus confortable, serait au contraire de donner d’abord et avant tout à celles et ceux qui en ont le plus besoin, en début mais aussi en milieu de carrière. Et de se dire une bonne fois pour toutes qu’il n’est pas normal, par exemple, que des collègues qui ont commencé il y a plus de 10 ans, exercent souvent dans des conditions difficiles et ont un bac +5, gagnent moins de 2000 euros par mois.

700 millions. C’est quelque chose. Ce n’est pas rien. Mais pour arriver à ce que chacun.e gagne, en début de carrière, au moins 2000 euros, il va falloir beaucoup plus que ça !

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