Déposons nos cartables : en images et en revendications dans l’académie de Nancy-Metz

Des dépôts au format carte postale, toujours des constats, et des revendications pour l’école inclusive et les AESH !

Quelles revendications pour l’école inclusive et les AESH?

La CFDT maintient encore ouverte la plateforme de dépôt des cartables numériques, avec le mémorandum pour l’école inclusive et les AESH en construction.

Et pour suivre les cartables déposés, voir la carte des mobilisations

Et dans notre académie, sous forme de cartes postales ou par recueil numérique sur une plateforme dédiée, les participant.es ont écrit leurs constats, difficultés rencontrées, leurs demandes et revendications pour que l’inclusion scolaire se déroule dans des conditions soutenables voire même satisfaisantes !

Les constats portent essentiellement sur les points qui suivent:

1. Précarité Salariale et Manque de Reconnaissance Statutaire

• Rémunération Insuffisante : Le salaire est jugé trop bas (« bas salaire », « salaire de misère », « revenu au plus bas ») et ne permet pas de vivre dignement, même avec de l’ancienneté (jusqu’à 19 ans).

• Absence de Statut et de Reconnaissance : Il y a un manque criant de reconnaissance sociale et professionnelle. On considère peu le métier, et les AESH revendiquent l’obtention d’un vrai statut (fonctionnaire) et d’une rémunération décente.

• Problèmes de Contrat et de Frais : Les AESH déplorent une gestion contractuelle et financière problématique :

  • Quotités plafonnées et temps partiel imposé, ne permettant pas de travailler à temps plein.

  • Manque de prise en charge des frais de déplacement (indemnité kilométrique dès deux établissements). Frais trop importants des repas (ticket de cantine trop chers ou heures non ajoutées au contrat AESH).

2. Surcharge et Inefficacité de l’Accompagnement

Le manque de personnel et la mutualisation excessive nuisent directement à la qualité de l’aide apportée aux élèves.

• Déficit Chronique de Personnel : Il y a un nombre insuffisant d’AESH pour couvrir les besoins réels (« déficience d’agents AESH », « pas assez d’AESH »).

• Mutualisation Inefficace : Le « saupoudrage » de l’aide est critiqué. Un seul AESH doit parfois accompagner 4, 8, voire 14 élèves en même temps. Cette situation rend l’accompagnement inefficace et difficile. Le système sacrifie souvent les élèves mutualisés (ex: 6 heures mutualisées pour des cas lourds).

• Instabilité et Désorganisation : Les emplois du temps sont parfois incohérents, souvent modifiés ou non respectés. Les affectations sont tardives (parfois 1 jour avant la rentrée). Le non-remplacement des absences des collègues aggrave la charge de travail des AESH présents.

• Augmentation de la Complexité des Cas : Les AESH font face à des profils d’élèves de plus en plus lourds (difficultés cognitives, psychiques, violence, élèves ingérables), sans les moyens ni la formation adéquate pour gérer ces situations complexes.

3. Les Limites de l’Inclusion et Manque de Structures Adaptées

L’idéal de l’école inclusive se heurte à une dure réalité, générant de la souffrance pour tous.

• Glissement des Missions : L’école ordinaire est contrainte d’accueillir des élèves qui relèvent de structures spécialisées (IME, ITEP) faute de places, faisant ainsi du rôle de l’AESH celui d’un « éducateur spécialisé » ou d’une « école garderie » sans la rémunération ni la formation correspondante.

• Souffrance Générale : Cette situation conduit à la grande souffrance des enfants (avant et après notification), des AESH et des autres élèves de la classe.

• Classes Surchargées et Hétérogénéité : Le nombre d’élèves dans les classes est trop élevé et l’hétérogénéité des besoins est immense, demandant un nombre croissant d’adaptations que l’AESH ou l’enseignant peine à mettre en place.

4. Déficit de Formation, d’Information et de Coopération

Les professionnels manquent d’outils, d’informations et de temps pour collaborer.

• Manque de Formation : La demande de formation spécifique, concrète et adaptée aux élèves (TSA, troubles du comportement, etc.) est très forte, et concerne à la fois les AESH et les enseignants. Les AESH jugent la formation actuelle insuffisante. Ils estiment également qu’elle est calquée sur celle des professeurs sans tenir compte de leur temps de présence.

• Barrières d’Information : Les AESH n’ont pas accès aux informations cruciales sur les élèves qu’ils accompagnent (Gevasco, notification MDPH, Pronote), ce qui rend le suivi difficile et le travail en binôme moins efficace.

• Isolement et Manque d’Échange : Il y a un manque criant de temps d’échange et de concertation entre AESH, enseignants, et les intervenants extérieurs de soins (CMP, RASED).

• Considération Institutionnelle Nulle : Le manque de considération de la hiérarchie (PIAL, DSDEN) est souvent reproché, avec des AESH traités comme des « pions corvéables à merci ».

 

Malgré des personnels très investis et un métier jugé riche humainement. Cependant les moyens financiers et humains sont insuffisants pour assurer une véritable école inclusive. Les AESH soulignent un décalage important entre le discours officiel et la réalité du terrain. Ceci qui nécessite la recherche urgente de solutions pour protéger les AESH et garantir un accompagnement décent des élèves.

Les propositions et revendications pour l’école inclusive et les AESH qui reviennent le plus portent sur :

1. Statut, Rémunération et Reconnaissance

La demande principale est d’assurer une dignité financière et professionnelle aux AESH.

• Vrai Statut : Revendication massive d’un vrai statut pour les AESH, notamment le statut de Fonctionnaire de Catégorie B (ou titularisation) pour garantir un statut stable, une retraite décente et une place reconnue au sein de l’Éducation Nationale.

• Augmentation Salariale : Exigence d’une meilleure rémunération et d’une grille de salaire revalorisée pour atteindre un salaire décent et vivable (au minimum l’équivalent du SMIC), à la hauteur des missions et des responsabilités.

• Temps de Travail et Évolution :

  • Possibilité d’accéder à une quotité de travail de 100% (temps plein) pour celles et ceux qui le souhaitent.

  • Intégrer les heures méridiennes dans un seul et même contrat d’AESH (type 32h) au lieu de statuts de vacataires.

  • Création de passerelles et de possibilités d’évolution de carrière.

• Indemnisation : Défrayer les déplacements (indemnité kilométrique réelle) et prévoir un tarif préférentiel pour la cantine.

 

2. Moyens Humains et Organisation du Travail

L’objectif est de mettre fin au « saupoudrage » et à la désorganisation pour permettre un accompagnement de qualité.

• Recrutement Massif et Remplacement : Recruter davantage d’AESH pour répondre aux besoins réels et limiter le nombre d’élèves accompagnés par personnel (idéalement 2 ou 3 maximum).

• Brigades de Remplaçants : Créer des brigades de remplaçants AESH pour assurer une continuité du service en cas d’absence.

• Clarté de l’Organisation des AESH :

  • Clarifier les missions et leur rôle.

  • Limiter les affectations à un ou deux établissements maximum.

  • Faire respecter les textes réglementaires et alléger les effectifs des classes ordinaires.

  • Respecter leurs vœux  concernant leurs affectations.

 

3. Professionnalisation (Formation, Information et Coopération) des AESH

Les AESH demandent à ce qu’on les outille mieux et qu’on les intègre aux équipes pédagogiques.

• Formation Qualifiante : Mettre en place des formations plus spécifiques, concrètes et adaptées aux troubles des élèves, y compris une formation initiale plus longue.

• Temps d’Échange Rémunérés : Prévoir des temps de concertation et d’échanges formalisés et rémunérés réguliers avec les enseignants, les autres AESH et les intervenants extérieurs (CMP, IME) pour travailler dans le même sens.

• Accès à l’Information : Accorder l’accès aux documents de suivi des élèves (Gevasco, notifications) et inclure les AESH dans la communication des équipes pédagogiques.

• Formation des Enseignants : Assurer également une formation de qualité pour les enseignants sur l’école inclusive et le rôle de l’AESH.

 

4. Réflexion Systémique sur l’Inclusion

Enfin, les professionnels appellent à une révision globale du système d’accompagnement :

• Création de Structures : Ouvrir plus de structures spécialisées (IME, ITEP, ULIS) pour accueillir les élèves dont les besoins ne sont pas compatibles avec le milieu ordinaire, afin de soulager l’école et de mettre fin à l’idée d’une « école garderie ».

• Cohérence : Tout doit être repensé (rémunération, recrutement, formation, accompagnement) pour que l’Éducation cesse d’être une « variable d’ajustement » et que l’inclusion devienne une réussite.

 

Les élu.es et mandaté.es de la CFDT dans l’académie de Nancy-Metz portent et porteront ces revendications dans les instances.

 

Pour en savoir plus

Retour sur l’enquête conditions de travail AESH 2025

AESH protégeons nos conditions de travail

Comment agir face aux comportements d’opposition des élèves?

Accueillir un élève TDAH