Premier degré : halte aux injonctions infantilisantes !

A chaque rentrée, ses préconisations sur la bonne méthode, le quart d'heure pour ceci ou cela, l'ajout d'une nouvelle mission éducative. Les équipes pédagogiques n’en peuvent plus et ont besoin de sérénité pour faire leur travail auprès des élèves.

La rentrée est terminée depuis un mois maintenant mais pour beaucoup, l’épuisement est déjà là. La multiplication des injonctions ministérielles entraînent des pressions sur les équipes pédagogiques. Pour le Sgen-CFDT, il faut sortir de cette logique d’empilement pour redonner du sens au travail dans la classe.
Les professeurs des écoles doivent pouvoir faire sereinement ce qu’ils savent faire le mieux : enseigner en répondant aux besoins de leurs élèves
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injonctions

Un centralisme autoritaire qui nie la liberté pédagogique

Pratique quotidienne du calcul mental et de la résolution de problème, de la dictée et de l’anglais, 2 h de lecture quotidienne, une rédaction par semaine, l’emploi du temps est contraint par tant d’injonctions que l’on peut se demander si la liberté pédagogique existe toujours.

Pour le Sgen-CFDT, les professeurs des écoles ne sont pas des exécutants d’une politique décidée nationalement mais bien des ingénieur.e.s pédagogiques capables de penser leur enseignement, de le concevoir et d’agir en fonction de leurs réalités territoriales.

Des programmes infaisables et éloignés du terrain dans le premier degré

Si on additionne toutes ces obligations faites aux collègues, cela dépasse le temps d’enseignement réel.
Pourquoi ?
D’une part, parce que la répartition annuelle et hebdomadaire des temps d’enseignement par discipline ne prend pas en compte les récréations.
D’autre part par le fait que de nombreuses obligations se sont ajoutées aux programmes ces dernières années : 30 minutes d’activité physique par jour, prévention du harcèlement, éducation à la sexualité, aux médias, au développement durable, à la Laïcité, savoir rouler à vélo…
Quant aux programmes en eux-mêmes, tous les enseignants le diront, ils sont infaisables tant ils sont chargés. Le transfert du programme de technologie des élèves de 6ème vers le cours moyen vient encore accentuer cette réalité.

Comme la France est parmi les pays où les élèves passent le plus d’heures en classe (864 heures annuelles pour tous) pour le nombre de jours d’école le plus court (144 jours), l’équation est impossible à résoudre.

Une parole publique qui discrédite l’école républicaine

Si les programmes doivent rester nationaux, leur mise en œuvre ne peut se faire qu’en fonction de la réalité locale.
Croire que les enseignant.e.s auraient renoncé à l’ambition de faire progresser les élèves est injuste pour une profession pleinement investie pour faire de l’école publique un ascenseur social. C’est pourtant ce que les médias mais aussi certains politiciens laissent penser. Cette méthode est dénoncée partout dans le monde par l’Internationale de l’Education tant elle discrédite le métier et l’énergie déployée par les collègues.

Il faut donc sans doute trouver les raisons de la baisse du niveau des élèves ailleurs notamment dans une politique éducative où le zapping au gré des ministres est permanent : rythmes, programmes, formations .

Un ancrage dans la durée pour redonner du sens au métier

Le temps de l’élève et de son éducation est un temps long. Changer de politique chaque fois qu’un nouveau ministre est nommé, ajouter des injonctions aux injonctions déjà existantes, c’est rendre impossible pour les enseignant.es l’exercice de leur mission première au sein de leur classe, leur école.

Rendre le métier plus attractif et fidéliser les jeunes dans cette profession passent inévitablement par l’arrêt de ces injonctions infantilisantes. C’est seulement cela qui permettra aux enseignant.e.s de redonner du sens à leur métier et de faire collectif au sein de leur école.