Redonner de l’attractivité au métier de médecin de l’Éducation nationale

Le métier de médecin de l’éducation nationale a besoin de retrouver toute son attractivité.
Pour cela, il faut que chacun puisse en faire la promotion : les acteurs, comme l’employeur.

logo_sgen_snamspen médecin de l'éducation nationaleMédecin de l’éducation nationale : un métier passionnant

Actuellement, les acteurs sont en peine pour parler de leur métier avec passion, mais pourtant, il s’agit bien d’un métier passionnant. C’est certainement le fait de la variété des missions, des publics, du réseau d’acteurs et de partenaires que l’on côtoie au quotidien pour faire évoluer les situations ou exercer son expertise médicale.

Santé communautaire et santé individuelle sont autant de richesse d’exercice, tout comme les connaissances que nous sommes amené·es à acquérir tout au long de notre profession, au coté des pédagogues, associant un savoir médical bien spécialisé et la connaissance approfondie du monde de l’éducation nationale. Le conseil technique apporté aux équipes enseignantes, aux personnels de directions et l’aide à la parentalité, au coté des professionnels du soin, pour des enfants aux besoins éducatifs ou de santé particuliers font de nous des acteurs du lien et de la continuité des prises en charge au delà des portes de l’école.

ALORS QUEL EST CE MANQUE D’ATTRACTIVITÉ POUR UN TEL MÉTIER ?

Statut salarial

Longtemps décrié comme le petit dernier (nous évoquons ici le salaire), le statut salarial du médecin scolaire a été réévalué en 2012 quant au régime indiciaire, premier effort de notre ministère, puis en 2015, avec la revalorisation du régime indemnitaire. Nous sommes donc devenus « fréquentables » à coté des médecins de PMI, voire des médecins inspecteurs de santé publique, même si cependant l’évolution de carrière nous est encore barrée jusqu’au plus haut niveau, si on se compare à ces derniers (accès hors échelle au dela du HEA).

Ce n’est donc plus tant une question de salaire que l’on peut reprocher à cet exercice salarié, sécurisé, comprenant 38 semaines de travail et bénéficiant des vacances scolaires (très prisées des plus jeunes médecins chargés de famille).

Information des étudiants en médecine

Le manque d’attractivité c’est tout d’abord l’absence d’informations faites aux étudiants en médecine sur ce métier. La santé scolaire est présentée en quelques heures au cours de la dernière année d’étude : comment imaginer toutes les richesses de la profession et en faire un métier ?!
C’est aussi l’absence de qualification reconnue au bout de cet exercice qui nécessite une formation à l’EHESP (Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique) après un concours national, et de multiples formations académiques pour devenir un véritable médecin du travail de l’élève et permettre la réussite et l’épanouissement des élèves quelles que soient leur santé et leurs problématiques.

Manque de publicité pour le concours

Par ailleurs, on ne parle que de notre éminente disparition, mais celle-ci est curieusement annoncée depuis des décennies. Notre ministère ne fait malheureusement aucune publicité pour notre concours, alors qu’il sait le faire pour le recrutement d’enseignants.

Des missions mal connues des familles comme des personnels de l’Éducation nationale

Le manque de lisibilité de notre profession pour les familles est entretenu au sein même de l’éducation nationale. Les personnels ne connaissent finalement pas assez nos missions, tout comme les familles.

Des statistiques et des conditions d’exercice dissuasives

Et enfin, comment être attractif quand ces médecins de l’éducation nationale sont amenés à dénoncer à haute voix tout ce qu’implique la pénurie de professionnels en termes de conditions de travail : 1500 médecins titulaires au service des élèves, plus de 300 postes vacants, 49% de l’effectif actuel sera parti en retraite en 2019, des départements laissés sans hiérarchie fonctionnelle, des secteurs de plus de 20 000 élèves, une absence de locaux pour exercer, la disparition des secrétaires médicales, des frais de transport qui ne sont plus remboursés.

Quel serait le plan d’urgence à mettre en œuvre ?

Les propositions du Sgen-CFDT / SNAMSPEN

S’il fallait proposer un plan d’urgence pour améliorer l’attractivité de cette profession d’utilité publique, il faudrait :

  • Proposer un module de santé scolaire au même titre qu’il existe un module de cardiologie dans le cursus des études médicales, afin de mieux connaître cette profession et en faire la promotion.
  • Qualifier la formation et l’expertise pour une véritable reconnaissance de la profession et de sa spécificité de médecine communautaire, de promotion de la santé tant individuelle que collective.
  • Développer une politique académique, sous l’impulsion du ministère, de recrutement massif de médecins avec un statut de « stagiaire », différent de celui de la première année post-concours. A l’issue de ce stage de découverte renouvelable une ou plusieurs fois, le concours de titularisation serait proposé pour clore la période. Cela amènerait utilement les collègues à découvrir le métier et le milieu.

300 postes vacants – 34 candidats – 24 reçus

Cette année seuls 47 postes ont été ouverts au concours alors qu’il existe 300 postes vacants. Sur les seuls 34 candidats présentés au concours, seulement 24 ont été reçus.

Une préparation insuffisante a été notée par le jury, portant sur la connaissance du milieu et du fonctionnement. Privée des vacataires et des contractuels depuis la loi Sauvadet, la santé scolaire a perdu tout son vivier de futurs titulaires ce qui explique pour une grande part le non remplacement de ceux qui partent en retraite.

  • Donner une lisibilité de la fonction, avec un lieu de consultation conforme à l’exercice de la médecine, et dotés des moyens logistiques adéquats, accessible à tous les usagers et à tous les professionnels partenaires.
  • Enfin, assurer une véritable revalorisation salariale afin que cet exercice salarié soit attractif par rapport à tous les autres exercices salariés.