88-Audience DASEN et IEN ASH: collectif école inclusive

Ce mardi 18 janvier, 4 représentants de notre collectif ont été reçus en audience par Monsieur le DASEN et Madame l'IEN ASH.
Nous avons demandé cette audience pour discuter ensemble du fonctionnement actuel de l'accompagnement des élèves en situation de handicap par les AESH de notre département.

Quelles sont les améliorations rapides à mettre en place et sur un agenda un peu plus long…?

Les points essentiels

1) Etat des lieux :

Le collectif a organisé deux enquêtes cette année : (voir en bas de page)
La première à la rentrée a montré par exemple qu’il y avait 80 % d’aide mutualisée et 20 d’aide individuelle.
Une seconde enquête auprès des parents fait apparaître: que 27% des enfants n’ont pas de suivi, 18% ont moins de 2 heures de suivi par semaine.

2 ) Tour de table :

Mme Cikmazkara, IEN ASH
M. Bourel, Dasen

Mme Poirier représente l’Association des maires ruraux, elle est première adjointe aux affaires scolaires à Hadol.
Mme Capron représente l’association APEDYS, créée il y a 3 ans dans les Vosges pour aider les familles dont les enfants présentent des troubles d’apprentissage
M. Knibiehly représente le syndicat enseignant Sgen-CFDT.
Mme Renard représente le syndicat enseignant SE UNSA.
A l’issue de l’exposé et de la présentation, le collectif pose la question des leviers sur lesquels agir afin d’optimiser l’école inclusive dans le département.

3) Intervention de Monsieur le DASEN :

Réfléchir à l’accompagnement des élèves en situation de handicap nous oblige à regarder les choses telles qu’elles sont.
Certes l’école à obligation d’accueillir tous les enfants mais paradoxalement, alors que la population scolaire diminue du fait de la dénatalité, le nombre d’enfants en situation d’handicap ne cesse d’évoluer.
Qu’est-ce qui explique cette augmentation ?
–  une meilleure détection une plus grande prise en charge mais aussi un usage qu’il convient sans doute d’améliorer.
– un bon usage des ressources : on focalise beaucoup sur les AESH mais le premier accompagnant de l’élève, c’est l’enseignant! La famille joue également un rôle très important et l’AESH vient en plus.
 – Le  manque de place en IME et en ITEP qui nécessite que l’EN ait à charge d’accueillir des enfants qui nécessite différents dispositifs d’appui à la scolarisation (AESH Individuelle tout le temps de classe)

Obtenir l’appui d’un AESH donne l’illusion que l’enfant est suivi et traité, mais il faut penser également à la prescription de soins, à du matériel spécifique et à des contacts avec des personnels spécialisés.
Une des difficultés et que les notifications ne sont pas faites par l’Éducation Nationale qui est cependant chargée de les mettre en place. Celui qui notifie n’est pas celui qui paye…
Il y a actuellement 3 CDAPH (Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées) en 5 semaines. Ce qui fait que dès septembre le pourcentage des personnels accompagnants mobilisés est déjà très élevé.
Le point de rupture apparaît dès novembre, ce qui accroit les écarts de temps entre des notifications et la mise en place possible.
Conséquence il y aura toujours un délai entre les notifications et le début de l’accompagnement.
À ce jour, 90 à 93 élèves n’ont pas d’accompagnement.

AESH individualisée ou mutualisée ?
Le PIAL a pour objectif la mutualisation. Pour des raisons de moyens budgétaires certes mais également avec un objectif pédagogique de développer l’autonomie pour l’indépendance de l’élève et d’éviter une relation étroite et permanente avec un seul AESH.

Quels leviers pour améliorer la prise en charge ?
1) des leviers pédagogiques : certains gestes pédagogiques peuvent résoudre des difficultés sans qu’elles soient médicalisées.
2) une réflexion avec la MDPH : il faudrait du temps de concertation.

L’éducation nationale devrait avoir plus de poids dans les notifications, en effet l’enseignant et l’AESH sont au contact de l’élève.
Il faut rappeler d’ailleurs que certaines AESH sont mises en cause par les familles comme s’il y avait une obligation de résultat et comme si ces personnels étaient à la disposition des parents.
Monsieur le DASEN a une population d’employés à protéger et à former le mieux possible.
Monsieur le DASEN est (dixit) parfois: » confronté à une hystérisation des difficultés par certaine familles. »
Se pose également la question de recrutement, accompagner des élèves nécessitant certaines compétences.
Autres outils :
– Les classes ULIS, même si elles sont insuffisantes, proposent aux enfants de progresser à leur rythme.
– Mieux former les enseignants par rapport à la psychologie et au comportement des enfants et à ce que cela représente pour les familles.
En conclusion, Monsieur le DASEN  évoque un problème systémique que l’on peut résumer en 4 points :
–  le prescripteur n’est pas le payeur
– ne pas limiter l’aide à un accompagnement humain
– comment en interne mieux prendre en charge les difficultés des élèves
– travailler avec la MDPH
A cela peut s’ajouter 3 trois points pour améliorer et aider à la mise en place d’un suivi plus serein:
-préconise l’accompagnement de la parentalité ( les parents  ne savent plus parler à leurs enfants, pour des écrans, )
-absence de réponse du milieu médical
-absence de gradation de la réponse  par la MDPH

Les différents échanges

Le collectif
explique que si une famille demande une AESH, c’est parce que la présence de l’enseignant n’est pas suffisante. Certes beaucoup de professeurs sont en capacité d’adapter aux besoins de l’enfant, cependant la gestion de la classe empêche souvent un soutien plus personnalisé. L’école inclusive est mise en place depuis 2005 mais il manque toujours des moyens.

Pour M. le DASEN
il faudrait un dépistage plus précoce des difficultés des enfants. Mais il y a un problème de fond : la PMI manque d’effectifs !
Les troubles comportementaux pénalise le fonctionnement des écoles, au détriment de l’élève concerné, de ses camarades, de l’enseignant…
Or il manque beaucoup  de pédopsychiatres et autres spécialistes dans notre département…
Ce problème de prise en charge hors de la scolarité fait que l’école doit remédier seule.
Améliorer la communication de la MDPH vers les parents notamment pour expliquer une baisse de dotations d’heures etc,
Le collectif
le PAP (plan d’accompagnement personnalisé ) une bonne chose puisqu’il limite la médicalisation, mais les enseignants ne sont pas contraints de le mettre en application. Ainsi par exemple tous n’utilisent pas les outils de l’éducation nationale comme la mise en ligne des cours,  qui faciliterait grandement le travail des parents qui aident leur enfant à faire leurs devoirs après les cours.
rappelle que l’enseignant n’est pas un prestataire de service et que les professeurs sont maîtres de leur pédagogie. Il mentionne également que certains parents ont des injonctions désagréables et oublient de rester courtois.
Il explique aussi que les situations conflictuelles sont rares et que tous recherchent la meilleure adéquation possible entre les ressources et les besoins.

Communication et respect mutuel :

Le collectif
reprend une idée du collectif  ; est-il envisageable de préconiser un temps de rencontre en début d’année scolaire entre les parents d’enfants en difficulté et les enseignants concernés (avec le maître de la classe et le professeur principal) et l’AESH  pour mettre les personnes en confiance et que les parents puissent indiquer comment fonctionne leur enfant ?
Le collectif
est-il possible d’associer à ces réunions de prise de contact les personnels de restauration de l’accueil périscolaire ?
Monsieur le DASEN
Cela mérite d’être étudié
Le collectif
la difficulté n’est pas seulement scolaire, elle est également d’ordre médical. En milieu rural, les délais pour obtenir un rendez-vous chez un ergothérapeute ou un autre spécialiste peuvent atteindre 8 à 9 mois. Ce qui crée un malaise les parents qui déposent un dossier MDPH.
Monsieur le DASEN
confirme que le cœur du problème est l’ offre de soins et il convient en effet de développer une politique médical de territoire.
Le collectif
C’est bien le projet que les maires ruraux espèrent développer en 2022.

Monsieur le DASEN 
comprend le désarroi des familles, l’ Etat aussi,  qui annonce la création de 4000 postes d’AESH dans la loi de finances.
Mais la PMI est également exsangue : il y a dans les Vosges trois médecins scolaires pour 8 postes mais on n’arrive pas à recruter.
À cela s’ajoutent d’autres difficultés, certains parents oublient de parler à leurs enfants tout petits, ne savent pas leur dire non, négligent  le suivi médical de la petite enfance, ont un mésusage des écrans … Ce qui peut également occasionner des problèmes de langage et des déficits de l’attention.
Le collectif
demande des précisions par rapport à l’audience de l’année passée. Quid des remplacements d’AESH? de leur emploi du temps ?
On avait suggéré des emplois du temps de vacances à vacances pour stabiliser les équipes et les familles, cela a-t-il été possible ?

Mots de la fin IEN ASH

Etat des lieux:

Nouvelle dans notre département des Vosges, elle a réalisé un état des lieux et tient un tableau de bord qu’elle partage avec Monsieur le DASEN.
Elle signale que depuis juillet 200 élèves de plus on reçu une notification, ce qui explique des moyens vite épuisés.
Pour les remplacements, il n’existe pas de brigade à proprement parler, mais tous les mois elle déclare au rectorat le nombre de personnes concernées par des congés maternité, des congés longue maladie, des formations… Et le rectorat débloque une enveloppe à mobiliser.
Pour une question à la fois comptable et humaine, il faut  répartir les moyens selon les nouvelles modifications en tenant compte le plus possible de la géographie, de l’expérience de l’AESH, de ses souhaits.. Tout n’est évidemment pas possible.

La fréquence des CDAPH et relation avec les parents

L’attribution des moyens AESH ne se  fait pas à chaque CDAPH mais après  un temps de réflexion pour créer un juste équilibre entre les 46 pial, le nombre d’enfants par AESH, les disponibilités restantes en mutualisé et en individualisé, avant d’informer l’AESH, le coordonnateur du pial, le pilote du PIAL, l’enseignant référent, l’IEN ..
Un point très important est la communication avec les familles. Il faut parfois accompagner leur lecture de la notification car le H de handicap fait peur.

Les leviers sont de s’interroger sur les vrais besoins de l’enfant.

Ainsi on peut faire comprendre aux familles et à l’élève que s’il dispose la première année de 12 heures en individuel, il faut concourir vers l’autonomie et arriver progressivement à diminuer ses heures d’accompagnement (sauf handicap lourd ), dans l’intérêt de l’élève et aussi du système qui peut ainsi d’aider d’autres enfants.
Le PIAL doit aussi porter l’école inclusive auprès des enseignants.
Mme l’IEN rappelle l’existence de l’équipe mobile d’appui à la scolarisation (EMAS) qui intervient à la demande des équipes. Une plaquette EMAS (voir ici) a été envoyée aux directeurs et aux chefs d’établissement.
Il faut également travailler avec la MDPH et recourir aux PAP en attente d’évaluation par les enseignants.
Elle parle d’une approche philosophique et technique pour  réguler l’adéquation de l’offre et de la demande sur du moyen terme afin de réduire considérablement le nombre d’enfants non accompagnés.
Elle rappelle ainsi que les classes ULIS dispose d’un AESH  collectif et que, seuls le élèves en situation de handicap moteur ou d’ autisme, ont droit à une AESH supplémentaire.
Elle suggère également d’impliquer davantage les AESH dans les équipes et de leur accorder plus de liberté d’organisation d’emploi du temps au sein d’un même collège par exemple.
Elle nous informe réunir début février tous les enseignants référents, les pilotes et les coordonnateurs de PIAL.
Elle rappelle le guide AESH, l’accueil en amphi début octobre pour une formation où elle explique l’importance du trinôme élève / enseignant / AESH, la nécessaire collaboration en confiance.
Il faut aussi former les enseignants à l’accueil des AESH, par leur intégration à l’évaluation des élèves par exemple.
Elle explique également ne pas placer les AESH face un élève inconnu dès le lendemain de son affectation mais laisser en temps d’immersion dans l’école pour repérer les personnels, les lieux, les horaires ou la vie scolaire…
L’IEN a déjà vu dans un collège par exemple un créneau dédié dans l’emploi du temps pour un temps d’échange entre les AESH de l’établissement.
Nous suggérons un temps dédié avant la classe également pour permettre à l’élève et à l’AESH de faire connaissance.
Le collectif
pour la journée nationale des dys 2022 organisée par APEDYS, Madame Capron demande à M. le DASEN qu’un enseignant référent puisse intervenir et présenter aux parents les différents dispositifs d’appui à la scolarisation, le rôle du PIAL, sa composition, où trouver le bon contact en cas de difficulté, le site de l’éducation Nationale et autre points. M. le DASEN va étudier cette proposition. Nous remercions Madame l’IEN  Monsieur le DASEN pour ce temps d’échange constructif.

Pour aller plus loin