CTMEN du 3 novembre 2020 : Déclaration liminaire

Nous ne pouvons commencer ce (CTMEN) comité technique ministériel et notre déclaration liminaire sans rendre hommage de nouveau à notre collègue Samuel Paty assassiné par un terroriste islamiste à la veille des vacances. Nous pensons à sa famille, ses proches, ses collègues, ses élèves.

CTMEN du 3 novembre 2020 : Déclaration liminaire

CTMEN : déclaration liminaire

L’assassinat de notre collègue est une attaque contre l’École et contre la République

Il était juste de lui rendre un hommage national, il était nécessaire que les communautés éducatives se réunissent pour lui rendre hommage ensemble. Il est nécessaire de lutter contre l’islamisme terroriste, sans amalgames, sans instrumentalisation, le Sgen-CFDT l’a déjà dit et le réaffirme ici.

La menace terroriste islamiste s’est ravivée ces dernières semaines, et hélas l’actualité internationale nous l’a encore montré hier avec les attaques à Vienne et avec l’attentat sanglant contre l’Université de Kaboul, elle ne concerne pas que la France, elle vise particulièrement les lieux de partage du savoir. Si l’on peut comprendre que le conseil de défense ait estimé que, pour éviter des attroupements aux abords des établissements partout à la même heure, il fallait renoncer à une arrivée uniforme des élèves à 10 heures, ces revirements, une communication ne donnant pas toujours le sens exact de cette décision, ont empêché de nombreuses équipes de réaliser un travail collectif nécessaire. Des personnels de direction, des IEN, des directeurs et directrices, là où c’était possible, ont maintenu des temps de concertation, ailleurs des collègues ont le sentiment d’avoir dû recourir à des heures d’information syndicales voire à la grève… pour travailler.

Se concerter, travailler ensemble fait partie de notre travail, il faut pouvoir l’organiser et le reconnaître.

Les équipes auront encore besoin de ce temps dans les semaines qui viennent : le Sgen-CFDT demande qu’elles puissent bénéficier de temps banalisés.

Comment  maintenir les écoles, collèges et lycées ouverts à un enseignement en présentiel ?

Notre CTMEN se réunit moins d’une semaine après le déclenchement d’une nouvelle période de confinement dont l’objectif est de ralentir la circulation du virus Sars-Cov2 afin de permettre aux soignant.e.s d’assurer au mieux leurs missions au service de toute la population, tout en préparant l’avenir de la jeunesse et en soutenant l’activité économique pour éviter une aggravation de la pauvreté dans notre pays.

Tout n’est pas suffisamment mis en œuvre pour que les gestes barrières soient mieux appliqués

Maintenir les écoles, collèges et lycées ouverts à un enseignement en présentiel est utile pour éviter les décrochages que nous avons tous et toutes constatés malgré la mobilisation de tous les personnels de l’Éducation pour maintenir autant que possible le lien pédagogique et éducatif avec les élèves.

Pour que cela continue d’être possible, et dans l’incertitude sur la dynamique épidémique dans les jours et semaines qui viennent, le Sgen-CFDT considère aujourd’hui que tout n’est pas suffisamment mis en œuvre pour que les gestes barrières soient mieux appliqués dans les établissements scolaire. Or c’est indispensable pour ne pas nourrir l’épidémie, c’est indispensable pour maintenir ouverts les établissements.

Nous ne ferons pas ici la litanie des collègues signalant avoir toujours peu de masques et toujours pas la possibilité d’avoir des masques chirurgicaux que beaucoup se procurent à leurs frais, des salles impossibles à aérer du fait de l’état des fenêtres, des entrées d’établissements étroites, des cantines dans lesquelles, sauf à étaler dans le temps les services, toute distanciation est impossible. Mais il est temps que cela soit entendu, reconnu par le ministère, et les collectivités locales.

  • Par le ministère pour que les aménagements élaborés par les établissements soient possibles là où semble-t-il les recteurs les refusent, les empêchent bien au-delà de ce que prévoit le protocole en vigueur aujourd’hui, pour réaliser aussi des recrutement indispensables pour que le service public d’éducation soit réalisé dans de meilleures conditions
  • Par les collectivités locales car des investissements doivent être conduits pour rénover les établissements scolaires, le soutien financier de l’État sera nécessaire, le plan de relance devrait le permettre avec la rénovation des bâtiments publics.

Dans l’attente de ces investissements, de ces travaux qui ne se feront pas en un clin d’œil, nous ne comprenons pas le refus du ministre d’examiner l’opportunité d’installer des purificateurs d’air.

Nous apprécions peu d’avoir la réponse à une proposition dans une interview médiatique.

Nous ne comprenons pas la contradiction entre l’affirmation d’hier matin (alors qu’il semble que d’autres études concluent à l’intérêt de ces dispositifs mis en œuvre dans d’autres pays) et les propositions du conseil scientifique à ce propos.

Quand les enseignants sont malades, vulnérables, proches de personnes vulnérables…

La circulation du virus s’est accélérée pendant les congés. Nous devons en tenir compte dans l’organisation des établissements et services de l’Éducation nationale. Des enseignantes et enseignants sont malades ou cas contact, et manifestement l’institution peine à organiser leur remplacement. Avec les consignes actuelles, comment comprendre que les enfants d’une classe dont l’enseignant.e est absent.e soient répartis dans les autres classes, limitant encore plus la possibilité de respecter la distanciation ?

Trop souvent le télétravail est empêché et mal organisé. Cela doit changer : toutes les missions télétravaillables doivent l’être pour protéger les agents et contribuer au ralentissement de l’épidémie. Si les personnels vulnérables sont de nouveau protégés par la réglementation, il nous semble qu’il faut renforcer la protection de celles et ceux qui vivent avec des personnes vulnérables.

Il n’est pas acceptable que des agents soient en difficulté parce que leur enfant ou leur conjoint est à risque de développer les formes graves de la maladie.

 

Les personnels affirment leur volonté de continuer leur mission éducative en présentiel

Ils ont comme depuis toujours pleinement conscience de l’enjeu qu’elle représente dans la lutte contre les inégalités et leur reproduction, pour construire l’avenir des jeunes et de la société. Ils vivent plus que mal les conditions inadaptées au contexte sanitaire qu’ils subissent dans de nombreux établissements, plus mal encore que les aménagements qu’ils élaborent pour éviter la fermeture et la rupture soient empêchés. Nous ne comprenons pas que des propositions faites pour améliorer la situation semblent ne pas être des pistes de travail opérationnelles.

Ces propositions, nous ne les faisons pas pour fermer les écoles, mais pour leur permettre de fonctionner malgré la pression épidémique.

Vous l’avez compris notre impatience est grande, à la hauteur de l’exaspération des personnels, sur ces questions qui sont cruciales pour les élèves, pour les collègues, pour l’ensemble de la société car la santé, la situation sanitaire ne se compartimentent pas, ce sont des biens communs.

Indemnité compensatrice de la CSG : ne pas oublier les AED vie scolaire

Nous savons aussi que les services ministériels travaillent efficacement à faire avancer des dossiers que nous avons maintes fois abordés ici. Nous voulons parler de l’indemnité compensatrice de la CSG, et nous vous remercions d’avoir fait droit à notre demande de disposer des instructions transmises aux autorités académiques au sujet des AESH à ce propos.

Nous continuons de demander une analyse juridique car le courrier du Ministère des Comptes Publics donne raison au Sgen-CFDT : les AED Vie Scolaire y ont aussi droit, en espérant que le délai de traitement ne soit pas de 2 ans les concernant. Compte-tenu des difficultés que nos équipes constatent quant à la mise en œuvre localement de certaines directives, nous souhaitons qu’un point d’étape sur l’application de la directive de la DAF puisse être présenté en CTMEN début 2021.