La communication ministérielle est bien rôdée, mais en attendant une programmation pluri-annuelle de revalorisation qui tarde à venir, il faut bien dire que les annonces de cette semaine sont décevantes pour la plupart de nos collègues, malgré quelques (petits) pas dans la bonne direction.
Des annonces de « revalorisation » décevantes pour la majorité des personnels de l’Education Nationale
Commel dit Philippe Watrelot dans Alternatives Economiques, « une prime n’est pas un salaire, agir sur l’attractivité n’est pas un réel moyen de rattraper le retard, une augmentation qui ne concerne que 30 % des enseignants n’est pas une revalorisation. Pour qu’on puisse parler de revalorisation, il faudrait un effort durable et global. Sinon, on court le risque d’amplifier la désespérance d’une profession déjà bien malmenée. »
Pour 70% des enseignants, ce sera 12 euros 50 par mois
Commençons par ce qui fâche : alors que Blanquer parle bien de « revalorisation », ce qu’il a annoncé est dérisoire pour 70% des enseignants qui toucheront uniquement la prime d’équipement, soit 150 euros annuels.
Et encore, cette prime d’équipement ne concerne ni les professeurs documentalistes, ni les CPE : un scandale pour ces professions injustement oubliées ! (ce que nous n’avons pas manqué de rappeler au ministre dans notre déclaration liminaire)
Reste le taux d’accès à la Hors-Classe qui passe de 17 à 18%, ce qui devrait permettre d’augmenter le nombre de promus. C’est une bien maigre compensation et qui concernera 1700 profs dans toute la France.
Pour les directeurs et directrices d’école, 37 euros 50 par mois
Blanquer a annoncé que la prime exceptionnelle que vont toucher les directeurs et directrices d’écoles cette année sera pérennisée. D’un montant de 450 euros annuels, cela représente 35 euros par mois : insuffisant encore une fois eu égard à l’investissement exceptionnel dont font preuve ces personnels, investissement qui ne date d’ailleurs pas de la crise sanitaire (cf. le suicide de Christine Renon l’an dernier).
De la même manière, la hausse des moyens annoncée pour financer les décharges n’est pas à la hauteur des besoins, et servira simplement à respecter le montant des décharges prévues par les textes (et souvent insuffisants) !
Avec la « revalorisation » de Blanquer, qui va toucher quoi ?
1- PRIME D’ATTRACTIVITÉ POUR LES DÉBUTS DE CARRIÈRE
2- UNE PRIME D’ÉQUIPEMENT INFORMATIQUE
3- POUR LES DIRECTEURS ET DIRECTRICES D’ÉCOLE…
4. UNE ENVELOPPE DE 45 M€ SERA CONSACRÉE AUX AUTRES MESURES CATÉGORIELLES DES PERSONNELS DANS LE CADRE DE L’AGENDA SOCIAL
5. POUR LES COLLÈGUES PLUS ANCIENS, LE TAUX DE PROMOTION À LA HORS CLASSE DES PROFESSEURS SERA PORTÉ DE 17% À 18%
Face au désarroi des enseignants, il faudra faire bien plus !
Comme le montre ce tableau, la profession enseignante et, au-delà, l’ensemble des personnels de l’Éducation Nationale se sent déconsidérée.
Cette « dévalorisation » est le résultat de plusieurs facteurs au premier rang desquels le gel du point d’indice, qui a provoqué une baisse importante du pouvoir d’achat des enseignants, baisse du pouvoir d’achat qui n’a pas été compensée. Comme le dit Philippe Watrelot, « Des études évaluent la perte de pouvoir d’achat entre 20 et 40 %. Un jeune enseignant touchait deux fois le Smic au début des années 1980, contre 1,3 fois aujourd’hui. De fait, la prime annoncée ne compensera même pas la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation… Si un enseignant à l’échelon 5 n’avait pas changé d’échelon entre-temps, il lui faudrait 234 euros en plus par mois rien que pour rattraper l’inflation depuis 2010. »
Il faudra un effort bien plus considérable pour que travailler à l’Éducation Nationale devienne à nouveau attractif, et que la confiance revienne dans les écoles, collèges et lycées de France.
D’autre part, nous refuserons toute contre-partie, tout travail supplémentaire : les personnels de l’Éducation Nationale travaillent déjà à temps plein : la revalorisation attendue est celle de nos déjà lourdes tâches quotidiennes.