Tenant compte de la situation sanitaire et les conditions de travail détériorées engendrées, les quatre organisations syndicales (SGEN-CFDT, SE-UNSA, FSUet FO) ont présenté une déclaration commune lors de la réunion du CHSCTD de Meurthe et Moselle et ont voté à l'unanimité la proposition d'avis.
Déclaration commune au CHSCT du 17/12/21
Monsieur le président du CHSCT
Le gouvernement a mis en place un nouveau protocole sanitaire de niveau 3 en lieu et place du niveau 2 en date du 8 décembre 2021. Dans le même temps, de nouvelles règles ont été établies par le ministère de l’éducation nationale dans le cadre du suivi des élèves dits « cas contact » au sein des établissements scolaires du 1er degré.
Si jusqu’au 8 décembre, une classe fermait dès lors qu’un élève était positif pendant une durée de 7 jours, depuis cette date, la règle est que lorsqu’un élève est positif, les élèves doivent aller se faire tester et revenir dès le lendemain en classe, dès lors qu’ils sont négatifs. Une classe n’est dorénavant fermée qu’au bout de 3 cas positifs dans une même classe dans un délai de 7 jours alors que le temps d’incubation est de plusieurs jours et que la plupart des enfants sont asymptomatiques.
Ce retour en classe d’enfants potentiellement contaminés mais encore en période d’incubation fait courir un risque à tous et toutes et entraîne des contaminations en chaîne.
De facto, cela conduit à la réitération de tests dès lors que d’autres élèves deviennent positifs, entraînant une charge de travail conséquente pour les personnels qui doivent recontacter systématiquement les familles.
Alors que partout ailleurs, il est recommandé de limiter les contacts, les regroupements, les réunions en présentiel et les festivités de fin d’année sur les lieux de travail, l’école, lieu où les contaminations explosent, voit quant à elle ses contraintes pour limiter la pandémie, assouplies.
Parallèlement, en collège, les cas se multiplient, notamment dans les classes de sixième. Alors que les élèves de ces classes ne sont pas vaccinés comme leurs camarades de primaire, le protocole est totalement différent. Des situations ubuesques sont nombreuses dans les établissements où une moitié de classe est absente, les élèves revenant au jour le jour.
Dans ces cas, la profession se voit contrainte de réaliser un double travail : présentiel et distanciel pour les élèves en éviction scolaire, se voit multiplier les courriers, les mails, les appels téléphoniques aux familles, notamment les soirs et les week-ends.
En cas d’absence de professeurs notamment, les élèves de collège sont fréquemment brassés dans les salles de permanence. Les cours d’EPS sont source particulière d’angoisse auprès des collègues qui maintiennent les activités selon le protocole en cours. Par exemple, les séances à la piscine sont particulièrement anxiogènes : un cas positif envoie en distanciel tout le groupe présent.
Concernant l’accueil des adultes, les interrogations sont également nombreuses : les réunions, conseils de classe, rencontres parents-professeurs ont été maintenues en présentiel en cette fin de trimestre.
Dans le même temps, la réduction incessante depuis ces 10 dernières années des postes de remplaçants n’a cessé de s’accentuer mettant aujourd’hui à mal le système scolaire.
Les agents se retrouvent dans une injonction paradoxale : accueillir les élèves et ne pas brasser les enfants pour limiter la propagation du virus sans avoir les moyens humains de le faire, faute de remplaçants suffisants.
L’emploi de contractuels, dont nous dénonçons encore et toujours la systématisation du recrutement, n’a pas permis d’enrayer les carences de présence devant élèves.
Les agents se retrouvent en première ligne face aux familles qui se montrent de plus en plus insistantes, agressives face aux changements récurrents de protocoles, exigeant l’accueil de leurs enfants coûte que coûte.
Les personnels se retrouvent alors à devoir accueillir des enfants, y compris non masqués en maternelle, sans assistant maternel dans bien des cas, sans le nettoyage systématique prévu par le protocole sanitaire établi par le ministère lui-même, faute de personnels en nombre suffisant, les contaminations touchant de plus en plus les adultes travaillant auprès des enfants par voie de conséquence.
L’épuisement est là et les moyens mis à disposition de l’école montrent aujourd’hui leurs limites, ils ne sont plus suffisants. Des conséquences sur la santé physique et psychique de la profession sont déjà présentes, entraînant encore plus d’absences. Les collègues se disent épuisés, au point pour certains, de n’imaginer d’autres solutions que l’arrêt maladie, la prise de traitements, augmentant encore le nombre de classes sans enseignant.
Tout cela a également une incidence sur l’accueil des élèves à besoins éducatifs particuliers, à comportement hautement perturbateur. Dans plusieurs écoles, des situations explosent, des collègues professeurs des écoles ou AESH sont en arrêt maladie.
Les fiches de signalement RSST sur le sujet sont en nette hausse, ne montrant qu’une partie émergée de l’iceberg, un nombre de collègues ne se sentant plus en sécurité sur leur lieu de travail.
A ce jour, il est impossible pour les personnels présents au sein des écoles de garantir un non brassage alors qu’il est imposé de fait par le protocole sanitaire.
Monsieur le Président du CHSCT, que comptez-vous mettre en place en termes de moyens humains à partir du lundi 3 janvier 2022 pour remédier à la situation des absences des collègues, évitant ainsi le brassage des élèves ?
Quels moyens comptez-vous proposer pour garantir le strict respect du protocole sanitaire et ainsi la santé et la sécurité des agents sur leurs lieux de travail ?
Quelles garanties comptez-vous mettre en place pour maintenir la santé physique et mentale des collègues qui se voient imposer un travail en distanciel et en présentiel (puisqu’il doit y avoir continuité pédagogique) ?
En ce sens le CHSCT soumettra au vote un avis dont la lecture se trouve ci dessous
Proposition d’AVIS :
La FAQ du MEN stipule qu’à partir du niveau 3, la limitation du brassage s’impose et que les élèves ne peuvent donc être répartis dans les autres classes
Seuls face aux familles, les personnels se voient donc dans l’obligation d’assumer l’incapacité de l’administration à pourvoir les remplacements, soit en renvoyant les enfants à leur domicile, soit en brassant les élèves au sein des classes. Cela fait peser sur les personnels de graves risques psycho sociaux (conflits avec les familles, conflit de valeurs…) ou des risques épidémiologiques.
La santé physique et psychologique des personnels est donc mise en jeu.
Le CHSCTD 54 préconise donc l’application ferme de l’interdiction de répartition d’élèves dans d’autres classes en école primaire, notamment en cas d’absence non-remplacée d’enseignant·e, en l’étendant a minima aux élèves de 6e de moins de 12 ans.
Nous demandons également que cette mesure soit portée à la connaissance des usagers par vos soins sous la forme d’un courrier officiel que nous communiquerons aux familles.